Entretien avec Line Grenier

« Bien vieillir » : l’individu rendu responsable de sa longévité et de sa santé

Illustration : Coline Sauvand

Ensei­gnante-cher­cheuse en com­mu­ni­ca­tion à l’université de Mont­réal spé­cia­li­sée sur les ques­tions de culture, notam­ment en culture et média­tion du vieillis­se­ment, Line Gre­nier ana­lyse dans cet entre­tien la notion de bien vieillir dont sa décli­nai­son la plus contem­po­raine, le vieillis­se­ment actif, a enva­hi poli­tiques publiques et dis­cours médi­caux, sociaux et média­tiques. Cette vision très nor­ma­tive et para­doxale défi­nit un type unique de vieillesse dési­rable — active, sociable, dyna­mique, sans répit — où l’on vieilli­rait sans deve­nir vieux. Mais c’est aus­si une idéo­lo­gie bai­gnant dans le néo­li­bé­ra­lisme, fai­sant repo­ser la « réus­site » — ou « l’échec » — de son vieillis­se­ment sur les épaules des individus.

À quoi renvoie la notion de « bien vieillir » ?

Le terme de « bien vieillir » ren­voie à un ensemble de dis­cours qui visent, au départ avec plein de bonnes inten­tions, à com­prendre com­ment amé­lio­rer le sort des per­sonnes âgées. Le « vieillis­se­ment actif » en est l’une des figures contem­po­raines. On en a connu d’autres comme le « vieillis­se­ment sain », le « vieillis­se­ment réus­si », le « vieillis­se­ment pro­duc­tif »… Ces dis­cours sont notam­ment por­tés par des cher­cheurs-ses et, depuis plus de 30 ans, au tra­vers des recom­man­da­tions de l’OMS. La dif­fu­sion de cette idéo­lo­gie infuse aujourd’hui un grand nombre de pro­grammes et poli­tiques publiques dans le sens d’un vieillis­se­ment qu’il faut essayer d’orienter vers l’activité, de rendre moins coû­teux, moins déran­geant, moins lourd à por­ter pour les socié­tés qui se voient vieillir à un rythme qu’elles n’avaient pas pré­vu. Le bien vieillir s’inscrit par défi­ni­tion dans une dua­li­té avec un mal vieillir pré­su­mé mais peu sou­vent expli­ci­té. C’est l’un des dis­cours qui orga­nisent aujourd’hui de manière nor­ma­tive à peu près tous les ter­ri­toires que peuvent recou­vrir non seule­ment l’âge mais aus­si le vieillis­se­ment plus lar­ge­ment com­pris (culture, san­té, technologies…).

En quoi cette notion, qui semble à première vue sympathique puisque tout le monde a envie de « bien vieillir », est-elle problématique ?

En effet, dif­fi­cile de pro­po­ser un regard plus cri­tique sur cette notion ambi­va­lente et d’être contre la ver­tu et les manières d’améliorer notre vieillis­se­ment ! L’analyse des pro­grammes publics qui font du vieillis­se­ment actif le pivot de leur action fait res­sor­tir des mots-clés tels que « par­ti­ci­pa­tion », « san­té, « sécu­ri­té », autant de concepts orga­ni­sant l’ensemble des actions et l’ensemble des manières de conce­voir la vieillesse et les poli­tiques publiques qui vont réson­ner dans les manières de pen­ser le loge­ment social, d’organiser les ser­vices de loi­sirs dans les villes, etc. Or, ce sont des élé­ments qui ren­voient à des dimen­sions qui peuvent poser pro­blème. La sécu­ri­té par exemple, se décline avec le res­pect et la pro­tec­tion de per­sonnes âgées qui sont tou­jours jugées vul­né­rables. On se base sur une image sté­réo­ty­pée du vieillis­se­ment asso­ciée à une vul­né­ra­bi­li­té indi­vi­duelle de plus en plus importante.

Le bien veillir est aus­si rem­pli d’injonctions à la par­ti­ci­pa­tion qui est com­plè­te­ment glo­ri­fiée sans qu’on inter­roge jamais à quoi on par­ti­cipe, ni qui peut le faire, ni les moyens et condi­tions de cette par­ti­ci­pa­tion qua­si fré­né­tique, ni même si on est libre ou non de par­ti­ci­per. Dans les faits, c’est une por­tion très par­ti­cu­lière des per­sonnes qui vieillissent, qui sont sus­cep­tibles de pou­voir être célé­brées comme des per­sonnes qui par­ti­cipent à la vie sociale. Car on n’a pas tous et toutes les mêmes res­sources cultu­relles, édu­ca­tives, finan­cières pour par exemple sié­ger dans le CA d’une asso­cia­tion de son choix. L’injonction à la par­ti­ci­pa­tion se déporte alors sur d’autres domaines comme la vie fami­liale avec une défi­ni­tion assez spé­ci­fique de la famille, où il s’agit d’être des « grands-parents extra­or­di­naires » et pré­sents pour ses proches. Ça exclut des gens qui tout sim­ple­ment n’ont pas eu d’enfants, n’ont pas de famille, sont iso­lés, ou qui ont eu des tra­jec­toires migra­toires et qui n’ont pas de réseaux fami­liaux orga­ni­sés de la même manière… Il y a déjà là toute une série de façons d’exclure ou de dis­cri­mi­ner. On peut ajou­ter bien sûr toutes les per­sonnes qui n’ont pas eu les « bonnes et saines » habi­tudes de vie et qui ont des pro­blèmes de san­té aujourd’hui, un sur­poids, une défi­cience ou un han­di­cap. Il y a donc tout un ensemble de per­sonnes qui ne peuvent plus répondre à cet impé­ra­tif de par­ti­ci­pa­tion. Cette injonc­tion à la par­ti­ci­pa­tion n’est donc pas éman­ci­pa­toire pour tout le monde et peut au contraire s’avérer source de stress.

Par ailleurs, la poli­tique du bien vieillir va construire des repré­sen­ta­tions spé­ci­fiques de l’expérience du vieillis­se­ment dans la sphère publique et dans les médias. Les pro­ta­go­nistes de ces repré­sen­ta­tions sont géné­ra­le­ment des per­sonnes en couple, hété­ro­sexuelles, blanches. La très grande majo­ri­té du temps, elles ont l’air tout à fait « en san­té » et dyna­miques et, à en croire leurs appa­rences et mar­queurs sociaux, visi­ble­ment dans des situa­tions éco­no­miques favo­rables. On les voit sou­vent sur la plage, rayon­nant avec leurs petits-enfants et sem­blant avoir enfin l’occasion de dépen­ser et consom­mer comme ils le sou­haitent, de faire des beaux voyages, de béné­fi­cier d’une très belle retraite… Dans cette bulle idéale du bien vieillir, il n’y a pas beau­coup de place pour les gens qui vieillissent en étant vieux et vieille… C’est-à-dire celles et ceux qui doivent accep­ter des limi­ta­tions ou qui vivent pré­ca­ri­sées et avec des reve­nus qui ne sont pas for­cé­ment très éle­vés, par­ti­cu­liè­re­ment chez les femmes ou des groupes qui sont en plus mino­ri­sés par la race ou par des situa­tions de handicap.

Cette manière par défi­ni­tion dis­cri­mi­na­toire de conce­voir le vieillis­se­ment peut même redou­bler les inéga­li­tés, puisque nombre de pro­grammes des­ti­nés à aider à être actifs et actives les ainé·es qui répondent à ces cri­tères nor­ma­tifs ne tou­che­ront pas des popu­la­tions qui en auraient le plus besoin. Pen­dant le pre­mier confi­ne­ment, au Qué­bec, on a par exemple pré­su­mé que les per­sonnes âgées – car per­çues comme socia­le­ment insé­rées — avaient un réseau pour faire leurs courses. Et qu’au cas où, elles pou­vaient tou­jours com­man­der leur course en ligne. Ce qui pré­sup­pose que toutes ont l’équipement adé­quat, parlent fran­çais ou anglais, ont les moyens finan­ciers ou les habi­le­tés tech­no­lo­giques requises pour le faire. Ce qui est évi­dem­ment loin d’être le cas. Ces per­sonnes-là n’ont donc pas pu rece­voir les mêmes aides ou, à tout le moins, ni de la même manière ni par les mêmes indi­vi­dus ou organismes..

Outre ces effets pervers d’exclusion qui ne prennent pas en compte la diversité des situations sociales, est-ce qu’un point critiquable de l’idéologie du bien vieillir, du vieillissement actif, c’est qu’il met au centre la responsabilité individuelle ?

Ces idéo­lo­gies-là reposent sur quelques pos­tu­lats de base jamais remis en cause. Le pre­mier est que le vieillis­se­ment est essen­tiel­le­ment un déclin. Et d’abord et avant tout une condi­tion phy­sio­lo­gique et uni­ver­selle : on pré­sume que tout le monde vieillit de la même manière, ce qui est une aber­ra­tion. On en vient donc à pen­ser le vieillis­se­ment comme une chose stric­te­ment indi­vi­duelle, qui passe par des corps indi­vi­duels. Au mieux, on entend dans les dis­cours du vieillis­se­ment actif qu’il faut inter­ve­nir sur les élé­ments et fac­teurs exté­rieurs, per­çus comme des condi­tions qui accen­tuent ou freinent la vieillesse. Ce dis­cours nous dit en sub­stance que si vous vous occu­pez cor­rec­te­ment de vous et tenez compte de ces fac­teurs exté­rieurs, vous serez capable de bien vieillir, vous serez en mesure de pal­lier l’ensemble des risques et dif­fi­cul­tés qui viennent avec l’inéluctable déclin du vieillis­se­ment. Non seule­ment, ça fait repo­ser la res­pon­sa­bi­li­té sur l’individu en éva­cuant toute la dimen­sion sociale et col­lec­tive du vieillis­se­ment, mais ça a aus­si pour effet de mettre tout le blâme sur les per­sonnes qui ne répondent pas à ces cri­tères-là : vous auriez dû faire les bons choix alors que vous étiez enfants, ado­les­cents, jeunes adultes, actifs pour aujourd’hui bien vieillir… Ce poids et cette honte ren­forcent évi­dem­ment encore plus les effets d’exclusion qu’on évoquait.

Est-ce que cette responsabilisation individuelle va de pair avec un certain désengagement de l’État dans la prise en charge des personnes âgées ?

Au Qué­bec comme en Europe, il y a eu un dés­in­ves­tissent de l’État pro­gres­sif depuis une ving­taine d’années dans nos socié­tés riches au pro­fit d’entreprises pri­vées qui vont inves­tir dans des rési­dences pour per­sonnes âgées, avec une pri­va­ti­sa­tion du sec­teur de la san­té mais aus­si de tout ce qui est ser­vice d’aide à la col­lec­ti­vi­té, de main­tien à domi­cile. Ce sont aujourd’hui des groupes com­mu­nau­taires ou des per­sonnes seules qui sont inci­tés à tenir le rôle de « proche-aidants ». Au Qué­bec, on a pour cela beau­coup joué pour les moti­ver sur une cha­ri­té toute chré­tienne selon laquelle il est nor­mal de s’occuper de son voi­sin… Quand l’État se désen­gage et que les filets sociaux s’amoindrissent, c’est vers l’individu qu’on se tourne. Loin de regar­der com­ment inclure les groupes exclus ou lut­ter contre les inéga­li­tés, le bien vieillir oriente les poli­tiques à s’occuper essen­tiel­le­ment des manières dont chacun‑e pour­rait s’occuper de son vieillir, de savoir si vous faites par­tie des chan­ceux qui ont fait les bons choix ! Car la res­pon­sa­bi­li­té indi­vi­duelle concerne cette suc­ces­sion de choix posés par des indi­vi­dus tout au long de leur par­cours de vie. Des indi­vi­dus ima­gi­nés comme auto­nomes, sans aucune contrainte, dis­po­sant des mêmes chances, pas du tout tra­ver­sés par la socié­té, dans un libre arbitre total… Bref, on choi­si­rait tout libre­ment… nos vieillis­se­ments comme le reste et on n’aurait qu’à s’en prendre à nous-même si c’est raté. Cette charge sym­bo­lique et affec­tive va être au cœur des manières dont les gens vont vieillir et va par­ti­ci­per à défaire les soli­da­ri­tés au lieu de les ren­for­cer. Pour­quoi moi qui ai fait les bons choix, je serais soli­daire de ceux qui ont fait les mauvais ?

Le vieillissement actif bombarde les individus d’injonctions à s’activer de manière quasi frénétique, à remplir leur temps libre d’activités, contre les possibilités de répit ou repos, de temps morts ou plus lents. Un peu à la manière de l’activation des chômeurs, ils sont sans cesse sommés de développer projets, activités, mobilité etc. Une partie de ces injonctions à l’activité ne consiste-t-elle pas à inciter tout bonnement les retraité·es à se remettre au travail (temps partiel, volontariat…) ?

Le vieillis­se­ment actif génère ces injonc­tions mais le font aus­si, à leur manière, nombre d’experts en géron­to­lo­gie, en loi­sirs et en pro­grammes récréa­tifs qui ont déve­lop­pé des pro­grammes de soin et de styles de vie repo­sant sur l’activité. Com­bi­nés, ces dis­cours et pro­grammes d’intervention font des per­sonnes âgées des « corps occu­pés », comme les a dési­gnés un influent géron­to­logue cri­tique, Ste­phen Katz. Mais qu’est-ce qui consti­tue une acti­vi­té ? Dans le cadre d’une des recherche menée par notre équipe, une dame âgée a fort bien posé l’enjeu de cette ques­tion en insis­tant que dans son horaire quo­ti­dien, outre jouer au bin­go, pra­ti­quer la nata­tion et prendre ses repas, elle vou­lait qu’on recon­naisse l’importance de faire la sieste et de se ber­cer. Il est clair que dans cer­tains cas, reprendre une « vie active » consiste à occu­per un emploi rému­né­ré – chose qui pour cer­taines per­sonnes âgées, il faut le pré­ci­ser, relève plus de l’obligation liée à des ques­tions de sur­vie finan­cière que de l’alternative sou­hai­tée à « ne rien faire ». Nos socié­tés valo­ri­sant tel­le­ment le tra­vail, sous quelque forme que ce soit d’ailleurs – incluant le tra­vail « invi­sible » des femmes et des « sans papier » notam­ment et, bien enten­du, le bénévolat.

Libre choix, culpabilisation de celles et ceux qui sont jugés négligents dans la préparation de cette période, affirmation en somme que santé et longévité sont une question de responsabilité individuelle… peut-on y voir des accointances avec le néolibéralisme ?

Plus que des accoin­tances ! Le néo­li­bé­ra­lisme et ses élé­ments consti­tu­tifs (culte de la per­for­mance, indi­vi­du libre qui décide de sa tra­jec­toire, pro­duc­ti­vi­té, etc.) consti­tuent l’un des ter­reaux qui rend le foi­son­ne­ment de ces dis­cours pos­sible, qui donne toutes les condi­tions pour que le vieillis­se­ment actif ait l’air nor­mal, allant de soi, rele­vant du sens com­mun. On aurait eu plus de mal il y a 50 ans à impo­ser l’idée que les gens étaient res­pon­sables de leur san­té et de leur lon­gé­vi­té, ça n’aurait eu aucun sens ! Les gens vivaient dans leurs milieux et deve­naient vieux. Par exemple, les gens atteints de démence n’étaient que rare­ment pla­cés dans des ins­ti­tu­tions de soin, ils res­taient par­tie pre­nante de la vie quo­ti­dienne ou familiale.

À pré­sent, ils sont pla­cés dans des centres spé­cia­li­sés, des lieux regrou­pant des per­sonnes qui incarnent un abject du vieillis­se­ment, c’est-à-dire l’impossibilité d’être ces indi­vi­dus auto­nomes qui décident, qui font leur choix, qui sont en bonne san­té, qui sont actifs, qui par­ti­cipent… Ce sont ceux et celles qui ont bas­cu­lé dans le « qua­trième âge ». C’est l’incarnation du « mal vieillir », celui-ci génère un ensemble d’angoisses. Aujourd’hui, chez les per­sonnes âgées, on a moins peur de mou­rir que de vieillir : ce qu’il faut abso­lu­ment évi­ter, c’est « deve­nir vieux ou vieille », ce stade abject où on serait pla­cée, où on se retrou­ve­rait dépen­dant. Cette fron­tière dans le champ de l’imaginaire, celle d’un bas­cu­le­ment sou­dain dans une noir­ceur, est quelque chose d’assez nou­veau. Ça per­met de rendre très effi­caces les injonc­tions qui nous disent : « occu­pez-vous de vous pour évi­ter tout ça ! » comme par exemple : « Faites des jeux qui conservent l’élasticité et l’agilité de votre cer­veau sinon vous allez deve­nir sénile ! »

Car avec le néo­li­bé­ra­lisme, toute acti­vi­té des­ti­née aux per­sonnes âgées est ins­tru­men­ta­li­sée. Elles doivent tou­jours ser­vir à quelque chose d’autre, avoir une fin plus impor­tante que l’action elle-même : pro­duc­ti­vi­té, per­for­mance, ren­ta­bi­li­té, évi­ter la déchéance… Cela laisse peu de place à des acti­vi­tés qui peuvent faire contre­poids à ces idéo­lo­gies en essayant de prô­ner un prin­cipe de créa­ti­vi­té (ate­lier créa­tif de musique élec­tro­nique comme j’ai pu mener par exemple), sans que ce soit avec une visée autre que de pou­voir pro­fi­ter de son temps, rigo­ler, avoir du plai­sir, par­ta­ger avec d’autres… Des acti­vi­tés qui vont sou­vent créer plus de liens, de joie et d’émancipation que celles décou­lant des injonc­tions à par­ti­ci­per ou s’activer… Des acti­vi­tés qui s’éloignent aus­si des sté­réo­types agistes, sou­vent inté­grés par les per­sonnes âgées elles-mêmes. Car répé­ter qu’elles ne seraient plus capable d’apprendre ou de s’adapter a ten­dance à sus­ci­ter des acti­vi­tés infan­ti­li­santes basées sur l’idée qu’elles ne peuvent se débrouiller seules et qu’il fau­drait donc les aider.

En est-on arrivé à une société où bien vieillir, c’est ne pas vieillir ?

C’est à peu près ça, pen­sez à toutes les indus­tries qui se sont déve­lop­pées sur « l’antivieillissement », pro­duits de beau­té, chi­rur­gie esthé­tique… C’est l’indice d’une ten­ta­tive de ne pas vieillir, d’un vieillis­se­ment sans deve­nir vieux ou vieille. Cette idée que vieillir est pro­blé­ma­tique en soi est un phé­no­mène rela­ti­ve­ment récent. Il se déploie depuis presque 60 ans selon plu­sieurs géron­to­logues sociaux, mais devient par­ti­cu­liè­re­ment saillant de nos jours. Tout est là pour faire en sorte que les gens refusent de vieillir, car vieillir veut dire deve­nir abject et non plus deve­nir vieux, c’est-à-dire expé­ri­men­ter des trans­for­ma­tions entre autres phy­sio­lo­giques, mais pas que, qui font que les par­cours de vie, les soli­da­ri­tés et non soli­da­ri­tés se déploient dif­fé­rem­ment, que les tem­po­ra­li­tés qui rythment nos vies changent, nous changent et qu’on les change. Le bien vieillir ne pro­duit donc pas de l’acceptation à la vieillesse, au contraire ! Cette idée, née à un moment où on voyait poindre le vieillis­se­ment démo­gra­phique de la popu­la­tion et qui consis­tait en somme à redo­rer le bla­son du vieillis­se­ment, a eu beau­coup d’effets para­doxaux, jusqu’à presque anni­hi­ler le vieillissement.

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