Écrire un texte sur l’Intelligence Artificielle — l’« IA » — c’est une gageure : ce qu’on en dit aujourd’hui sera sans doute obsolète demain : c’est que ça apprend tout le temps et évolue de soi-même ces machins-là.
Mais qu’importe après tout ? On sait déjà que l’IA est capable de miracles. Pas que ce soit dieu, hein, mais bien que les réponses que donnent ces boites magiques sont sidérantes. Qu’elles dépassent parfois l’entendement : on a ainsi découvert qu’elles pouvaient déterminer la race, oups : la couleur de peau, d’une personne avec une précision de plus de 90 % à partir d’une radiographie. Aucun humain n’y était jusque-là parvenu et pas un seul n’est encore capable d’expliquer comme l’IA a fait son compte. Et ce n’est pas tout ! Merveille des merveilles, l’armée américaine teste des avions de chasse sans pilote et a franchi une étape majeure : le vol réussi du drone XQ-58A Valkyrie, entièrement orchestré par un logiciel d’IA. La référence wagnérienne à Apocalypse Now augure de bien beaux jours. Et v’là‑t’y pas que l’ONU a fait appel à une entreprise d’intelligence artificielle pour tenter de trouver des solutions nouvelles à la situation israélo-palestinienne. L’IA crée un laboratoire artificiel permettant de simuler de nombreuses situations, ce qu’on ne pourrait jamais faire de manière éthique dans le monde réel. À la vue duquel on n’ose imaginer ce qui se passe d’immoral dans le laboratoire… Mais bon, on ne va passer en revue tous les usages présents et à venir de l’IA. Qu’on sache que c’est tout profit.
Bien sûr les écolos de tout poil et les fanatiques du retour à la bougie vagissent à nouveau — c’est une seconde nature – et tâchent d’aligner des « arguments » en pagaille. Ils brandissent la notion d’« empreinte écologique des algorithmes » : on aura tout lu ! Un algorithme c’est une série d’instructions précises pour parvenir à un résultat. Exactement comme une recette de cuisine. Et ça t’aurait une empreinte écologique ? Allons !
D’ailleurs, ils sont bien incapables d’avancer des chiffres. Y’aurait bien, parait-il des « points de repère » : l’IA représenterait, tout bien compté, genre de 1,8 à 4 % des émissions globales de gaz à effet de serre. Ouais… Précis quoi. Et ces collapsologues en herbe voient bien l’affaire monter à 5 % en 2025. La faute aux réseaux de communication, aux appareils et aux centres de données, les data centers en français courant.
En plus, prétendent-ils, l’ajout de l’IA au système courant de recherche sur le net consommerait davantage d’énergie. Une pauvre IA comme chat GPT consommerait pour chaque requête près de 5 fois plus de calculs et donc d’énergie par rapport à une recherche classique via un moteur de recherche comme Google.
Ils ne voient rien tous ces pauv’ gens. D’abord, ils semblent tous oublier une chose, une évidence pourtant : à quoi servirait l’IA si elle ne pouvait pas résoudre elle-même les problèmes qu’elle pose ? Puis, la déclaration du premier sommet mondial de l’IA reconnait que « la protection des droits de l’homme, de la transparence, l’équité, la sécurité, l’éthique, la vie privée et la protection des données doivent être abordées ». Bon ben voilà : tout va s’arranger.
Même l’empreinte écologique. La preuve ? J’ai demandé à ChatGPT, qui m’a répondu que les émissions de gaz à effet de serre étaient difficiles à calculer, mais que (je cite) « elles sont influencées par la source d’énergie utilisée pour alimenter les data centers ». Quelle infinie sagacité ! Il m’a encore précisé que « les entreprises s’efforcent de rendre leurs data centers plus écologiques en utilisant des technologies plus efficaces et en investissant dans des sources d’énergie renouvelable ». Des faits, du concret, du solide, de l’objectivité : c’est beau comme du Macron (qu’on se demande qui écrit ses discours, du coup). Qu’on laisse là tous les tristes sires : l’avenir est aussi radieux que le sourire du président français !