Les miracles de l’IA

Par Jean-François Pontegnie

Conçu par un générateur d'image automatique avec le prompt "Une IA qui fait des miracles"

Écrire un texte sur l’Intelligence Arti­fi­cielle — l’« IA » — c’est une gageure : ce qu’on en dit aujourd’hui sera sans doute obso­lète demain : c’est que ça apprend tout le temps et évo­lue de soi-même ces machins-là.

Mais qu’importe après tout ? On sait déjà que l’IA est capable de miracles. Pas que ce soit dieu, hein, mais bien que les réponses que donnent ces boites magiques sont sidé­rantes. Qu’elles dépassent par­fois l’entendement : on a ain­si décou­vert qu’elles pou­vaient déter­mi­ner la race, oups : la cou­leur de peau, d’une per­sonne avec une pré­ci­sion de plus de 90 % à par­tir d’une radio­gra­phie. Aucun humain n’y était jusque-là par­ve­nu et pas un seul n’est encore capable d’expliquer comme l’IA a fait son compte. Et ce n’est pas tout ! Mer­veille des mer­veilles, l’armée amé­ri­caine teste des avions de chasse sans pilote et a fran­chi une étape majeure : le vol réus­si du drone XQ-58A Val­ky­rie, entiè­re­ment orches­tré par un logi­ciel d’IA. La réfé­rence wag­né­rienne à Apo­ca­lypse Now augure de bien beaux jours. Et v’là‑t’y pas que l’O­NU a fait appel à une entre­prise d’in­tel­li­gence arti­fi­cielle pour ten­ter de trou­ver des solu­tions nou­velles à la situa­tion israé­lo-pales­ti­nienne. L’IA crée un labo­ra­toire arti­fi­ciel per­met­tant de simu­ler de nom­breuses situa­tions, ce qu’on ne pour­rait jamais faire de manière éthique dans le monde réel. À la vue duquel on n’ose ima­gi­ner ce qui se passe d’immoral dans le labo­ra­toire… Mais bon, on ne va pas­ser en revue tous les usages pré­sents et à venir de l’IA. Qu’on sache que c’est tout profit.

Bien sûr les éco­los de tout poil et les fana­tiques du retour à la bou­gie vagissent à nou­veau — c’est une seconde nature – et tâchent d’aligner des « argu­ments » en pagaille. Ils bran­dissent la notion d’« empreinte éco­lo­gique des algo­rithmes » : on aura tout lu ! Un algo­rithme c’est une série d’instructions pré­cises pour par­ve­nir à un résul­tat. Exac­te­ment comme une recette de cui­sine. Et ça t’aurait une empreinte éco­lo­gique ? Allons !

D’ailleurs, ils sont bien inca­pables d’avancer des chiffres. Y’aurait bien, parait-il des « points de repère » : l’IA repré­sen­te­rait, tout bien comp­té, genre de 1,8 à 4 % des émis­sions glo­bales de gaz à effet de serre. Ouais… Pré­cis quoi. Et ces col­lap­so­logues en herbe voient bien l’affaire mon­ter à 5 % en 2025. La faute aux réseaux de com­mu­ni­ca­tion, aux appa­reils et aux centres de don­nées, les data cen­ters en fran­çais courant.

En plus, pré­tendent-ils, l’ajout de l’IA au sys­tème cou­rant de recherche sur le net consom­me­rait davan­tage d’énergie. Une pauvre IA comme chat GPT consom­me­rait pour chaque requête près de 5 fois plus de cal­culs et donc d’énergie par rap­port à une recherche clas­sique via un moteur de recherche comme Google.

Ils ne voient rien tous ces pauv’ gens. D’abord, ils semblent tous oublier une chose, une évi­dence pour­tant : à quoi ser­vi­rait l’IA si elle ne pou­vait pas résoudre elle-même les pro­blèmes qu’elle pose ? Puis, la décla­ra­tion du pre­mier som­met mon­dial de l’IA recon­nait que « la pro­tec­tion des droits de l’homme, de la trans­pa­rence, l’équité, la sécu­ri­té, l’éthique, la vie pri­vée et la pro­tec­tion des don­nées doivent être abor­dées ». Bon ben voi­là : tout va s’arranger.

Même l’empreinte éco­lo­gique. La preuve ? J’ai deman­dé à ChatGPT, qui m’a répon­du que les émis­sions de gaz à effet de serre étaient dif­fi­ciles à cal­cu­ler, mais que (je cite) « elles sont influen­cées par la source d’éner­gie uti­li­sée pour ali­men­ter les data cen­ters ». Quelle infi­nie saga­ci­té ! Il m’a encore pré­ci­sé que « les entre­prises s’ef­forcent de rendre leurs data cen­ters plus éco­lo­giques en uti­li­sant des tech­no­lo­gies plus effi­caces et en inves­tis­sant dans des sources d’éner­gie renou­ve­lable ». Des faits, du concret, du solide, de l’objectivité : c’est beau comme du Macron (qu’on se demande qui écrit ses dis­cours, du coup). Qu’on laisse là tous les tristes sires : l’avenir est aus­si radieux que le sou­rire du pré­sident français !