From Brussels with love

En filia­tion directe avec la célèbre Fac­to­ry Records de Man­ches­ter qui a lan­cé Joy Divi­sion, le label belge Les Disques du Cré­pus­cule a été fon­dé par feu Annik Hono­ré et son com­plice Michel Duval en 1980. Son nom cor­res­pon­dait à l’esprit de l’époque, où régnait en maître le post-punk, période dark et gri­saille bruxel­loise aidantes. Leur pre­mière sor­tie est une double cas­sette 90’ inti­tu­lée From Brus­sels with love qui donne à décou­vrir la fine fleur du post-punk de l’é­poque, tant anglaise que conti­nen­tale. Des groupes qui viennent d’ailleurs sou­vent per­for­mer au Plan K, une ancienne raf­fi­ne­rie recon­ver­tie en salle de concert deve­nu le point de ral­lie­ment du label et de la scène belge de l’époque. Qua­rante ans plus tard, cette pièce mai­tresse deve­nue introu­vable est enfin réédi­tée en cof­fret vinyle et CD. La pos­si­bi­li­té de se remé­mo­rer une période magique, le croi­se­ment des années 70 et 80, qui annonce les pré­mices de la new wave. On y croise entre autres John Foxx, Brian Eno, The Durut­ti Column, Mar­tin Han­nett ou encore les Belges de The Names, tous ces jeunes gens qui font alors dan­ser la mélan­co­lie dans des mélo­dies aban­don­nées au mini­ma­lisme, aux gui­tares inci­sives et à un chant mar­qué par ce spleen qui jamais ne s’efface. Mais l’idée de From Brus­sels with love, c’était aus­si de faire coexis­ter les genres musi­caux radi­ca­le­ment dif­fé­rents du pay­sage indie de l’époque. C’est toute une scène musi­cale qui défile et qui reprend vie sur cette com­pil. On y redé­couvre Radio Romance, Thick Pigeon, Fats Gar­den, Josef K, Wim Mer­tens, Marine, Digi­tal Dance ou encore Lav­vi Ebbel. On y entend aus­si des inter­views de Brian Eno, Jeanne Moreau ou Mar­gue­rite Duras qui parlent du monde musi­cal, de la poé­sie, de la vie tout sim­ple­ment, on redé­couvre avec bon­heur les notes mini­ma­listes d’Erik Satie. De cette com­pi­la­tion se dégage une atmo­sphère sti­mu­lante, sin­gu­lière, un peu new-yor­kaise, sen­suelle et intel­lec­tuelle aus­si. Le cof­fret est accom­pa­gné de textes d’auteurs et par­se­mé d’affiches des concerts de l’époque. Un total ravis­se­ment. Pour celles et ceux qui ont vécu cette époque, ce cof­fret est une made­leine de Proust. Pour les autres qui aiment ces années et atmo­sphères musi­cales-là, c’est une superbe décou­verte qui se réécoute en boucle.

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