Avec son premier album New long leg, Dry Cleaning, un quatuor post-punk minimaliste britannique, nous replonge dans l’ambiance du début des années 80, le temps de 12 titres, concentrés de rock indépendant, envoutés par la chanteuse-poétesse Florence Shaw, aussi artiste plasticienne et très percutante au micro. Le parlé-chanté de Florence Shaw apporte une bonne part de singularité dans cet album, charme indicible, parfois sarcastique ou enjôleur, qui n’est pas s’en rappeler les univers The Fall, Wire, Joy Division, PJ Harvey, Laurie Anderson. Son timbre de voix grave s’apparente à celui de Patti Smith, Anne Clark. Les textes de Florence Shaw sont ambigus, cyniques et humoristiques. Ils sont portés par des guitares parfois déchaînées, dissonantes, au jeu inventif et excellent. On décèle dans ces morceaux des tonalités new-yorkaises entre Sonic Youth et Television. On se surprend aussi à découvrir quelques textures ajoutées au minimalisme sonore comme des boites à rythmes et des notes de synthétiseur en boucle. Si la première vague de l’époque post-punk provenant du Royaume-Uni portait en elle une colère tranchante, des groupes comme Dry Cleaning eux, ont plutôt envie de sonder leur intériorité, leurs incessantes ruminations en se détachant de ce climat social incertain. Dry Cleaning insuffle un peu de poésie à la banalité du quotidien. Si vous avez un faible pour cette période musicale qu’est le post-punk britannique méditatif, alors nul doute que vous allez vous régaler.
Sabine BeaucampDry Cleaning
New long leg
Label 4AD
Avril 2021