Le balai libéré

Des femmes qui se libèrent et s’autogèrent à coup de balais ! Des sor­cières me direz-vous ? Non, des ouvrières qui tra­vaillaient pour la socié­té de net­toyage ANIC et qui effec­tuaient en sous-trai­tance le net­toyage des locaux de l’Université Catho­lique de Lou­vain. En 1975, ces ouvrières, aidées par des militant·es de la CSC Bra­bant-Wal­lon, ont eu le cou­rage et la déter­mi­na­tion de reprendre leur auto­no­mie. Après deux semaines de grève et de reven­di­ca­tions reje­tées, elles mettent en cause l’utilité d’avoir un patron pour effec­tuer un tra­vail qu’elles connaissent mieux que qui­conque. Elles finissent par lui adres­ser une lettre de licen­cie­ment mémo­rable et par se consti­tuer en ASBL : le « Balais libé­ré ». L’association devien­dra une coopé­ra­tive auto­gé­rée et tra­vaille­ra avec l’Université jusque dans les années 1990. Cin­quante ans plus tard que reste-t-il de cette expé­rience auto­ges­tion­naire belge majeure ? Coline Gran­do orchestre dans son docu­men­taire les condi­tions de ren­contre entre le per­son­nel d’entretien d’hier et d’aujourd’hui. Est-il encore pos­sible de tra­vailler sans patron ? Dans les audi­toires et locaux de l’Université des géné­ra­tions de travailleur·euses échangent sur leurs réa­li­tés et condi­tions de tra­vail pas­sées et actuelles. Des évo­lu­tions et dés­illu­sions qui ouvrent des pistes de réflexion sur la pos­si­bi­li­té d’une telle expé­rience aujourd’hui. Un dia­logue néces­saire qui nous rap­pelle que les uto­pies par­fois se mettent en acte et ce dans un contexte où se mul­ti­plient les conflits sociaux qui nient le savoir-faire des travailleur·euses au pro­fit des choix de mana­ge­ment et que se dété­riorent les termes du dia­logue social dans notre pays. L’autogestion pour­rait-elle (ré)intégrer nos luttes ? Le posi­tion­ne­ment de ce docu­men­taire per­met à tout le moins de redon­ner des uto­pies à celles et ceux qui n’en ont pas ou plus.

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