Ma vie en papier est le premier long métrage documentaire réalisé et scénarisé par Vida Dena, une jeune cinéaste et artiste iranienne née à Téhéran vivant en Belgique. Vida est entrée durant trois ans dans l’intimité d’une famille syrienne arrivée à Bruxelles pour fuir la guerre et ses horreurs quotidiennes. Ce film est à plus d’un point, original, créatif, sensible et expansif. On y fait la connaissance d’une famille soudée, partagée entre traditions et modernité, entre joies, rêves et mélancolie. Le maitre d’œuvre du film est suggéré par les dessins colorés, parfois plus sombres, plus tragiques, plus angoissés des enfants qui expriment les souvenirs d’un pays en guerre mais aussi les éclats de rire et de tristesse. Et les rêves d’avenir meilleur. Vida dialogue avec la famille et le regard de la cinéaste s’anime avec la pellicule et les dessins découpés. Conçus pour pouvoir communiquer quand on ne connait pas la langue de l’autre et raconter ce qui est dur à dire, ces dessins viennent s’ajouter, se fondre dans les images du film. C’est ce qui fait la beauté cinématographique mais aussi humaine de cette aventure. On s’attache aux témoignages de Hala et Rima les filles ainées. Si Hala est plus libérée dans ses rêves de projets d’études, de nouvelle vie. Rima est quant à elle plus traditionnelle et mise son avenir sur son mariage avec le cousin de sa mère avec qui elle a très vite un enfant. D’un bout à l’autre on se laisse dériver au fil des portraits que nous donne à voir cette famille syrienne discrète, si vivante, si pétillante malgré les conditions d’existence précaires. Ce sont 80 minutes de tranches de vie et de partages que nous donne à voir ce film-documentaire, teinté de petits bonheurs, et de moments très émouvants. Il a été présenté en première mondiale dans le cadre de la compétition internationale longs-métrages de Festival Visions du réel en Suisse, où il a obtenu un prix. Il vient d’être projeté au Festival Millenium à Bruxelles. On ne peut que lui souhaiter une large diffusion, sa singularité le mérite amplement.
Sabine BeaucampMa vie en papier
Vida Dena
VAF / Clin d’œil / Atelier Graphoui, 2022