On sait que l’Amazonie brésilienne fait malheureusement partie de ces poumons du monde menacés par la déforestation et l’exploitation agricole intensive. Mais c’est un autre phénomène, sordide, que ce docu raconte. Diffusé dans le cadre de la 9e édition du Festival AlimenTERRE, ce film-documentaire belge met en lumière la manière dont de puissantes multinationales comme Coca-Cola, avec la complicité d’ONG comme le WWF, exploitent les Cablocos (les Indiens d’Amazonie), au nom de la lutte contre le changement climatique. Ils leur versent en effet des montants dérisoires (13 euros par mois et par famille) pour qu’en échange, ils ne cultivent plus, ne pêchent plus, ne travaillent plus leurs terres, bref renoncent à leur agriculture ancestrale. Ainsi ces grandes multinationales s’achètent une vertu en finançant la préservation de « réservoirs de carbones ». Des crédits-carbones, acquis par les industries, qui font ensuite l’objet de spéculations financières et généreront des profits. Ces multinationales exploitent donc la pauvreté des Indiens pour avoir le droit de continuer à polluer, à déforester, à émettre des gaz à effet de serre tout en s’offrant au passage un vernis de greenwashing. Ce peuple d’Amazonie est ainsi instrumentalisé et le développement local mis sous tutelle pour des raisons non environnementales. Beaucoup d’habitants de l’Amazonie renoncent à cultiver leur terre pour bénéficier de cette maigre bourse financière. Les populations, sans cesse déplacées, voient leurs lopins de terre cultivable de plus en plus réduits. La forêt est pourtant le seul moyen de subsistance de ces travailleurs de la terre. Pour les capitalistes mondiaux : les humains ne semblent pas faire partie de la Nature !
Sabine BeaucampLes oubliés de l’Amazonie
Un documentaire de Marie-Martine Buckens
Neon Rouge Production, 2017