L’internet de la Haine

Johanna Vehkoo & Emmi Nieminen

Les éditions Cam­bou­ra­kis, dont la col­lec­tion Sorcières est connue pour être une pionnière dans le champ du féminisme, ont publié en 2019 L’internet de la haine, une bande dessinée de Johan­na Veh­koo, illustrée par Emmi Nie­mi­nen. Les deux autrices aus­cultent la montée en impor­tance du cyberharcèlement en Fin­lande. Dans un pre­mier temps, elles dressent le por­trait de quelques per­sonnes confrontées à ce phénomène dans divers domaines en n’hésitant pas à confron­ter les lec­teurs et lec­trices aux dis­cours hai­neux proférés comme une diarrhée sur les réseaux sociaux. Les cibles qui témoignent sont prin­ci­pa­le­ment des Fin­lan­daises et des femmes immigrées vivant en Fin­lande, cher­cheuses, jour­na­listes, poli­tiques, mili­tantes, bénévoles d’organisations huma­ni­taires… Toutes évoquent le trai­te­ment auquel elles ont été confrontées, les injures et menaces hai­neuses, racistes, miso­gynes reçues, sou­vent à la suite d’une prise de parole publique. Cette présentation vise notam­ment à expli­ci­ter les res­sorts qui meuvent les per­sonnes vic­times, ain­si comme l’explique une femme poli­tique fin­lan­daise d’origine soma­lienne : « Leur haine nour­rit ma force. Elle me rap­pelle que mon tra­vail a du sens et qu’on a besoin de moi. » Une autre a décidé de retour­ner le stig­mate en orga­ni­sant un concours de cour­riers hai­neux avec un vrai jury. Dans sa deuxième par­tie, BD donne la parole à des cher­cheurs et cher­cheuses spécialistes en la matière afin de ten­ter d’expliquer cette prolifération de mes- sages ciblant plus spécifiquement les femmes et d’énumérer les tech­niques utilisées, sans oublier de don­ner des conseils pra­tiques. Un ouvrage fouillé et dense mais intensément sti­mu­lant qui vise aus­si à lut­ter contre l’autocensure par la tech­nique visant à éclairer le vampire.

Olivier Starquit

L’internet de la Haine
Johanna Vehkoo et Emmi Nieminen
Cambourakis, 2019

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