Psychotique

Sylvain Dorange

Jacques Mathis est fou. Jacques est écri­vain. Il a entre­pris de nar­rer par le menu sa mala­die. Une his­toire trouée (des pans entiers de mémoire ont été englou­tis), pleine d’abysses (ou : « épi­sodes dépres­sifs ») et de som­mets ver­ti­gi­neux (ou : « épi­sodes maniaques ») et enivrants semble-t-il. Son ami, Syl­vain Dorange, s’est empa­ré de ce récit et son des­sin lui a don­né ce je ne sais quoi qui dépasse l’autobiographie pour atteindre la magie ou, comme on vou­dra, le cœur de la folie. Pour le lec­teur, rien n’est vrai­ment stable : on ne voyage pas sou­vent de cette façon dans cette per­cep­tion aty­pique — où l’on ne dis­tingue plus guère véri­tés et fan­tasmes — de ce que nous appe­lons « réa­li­té ». C’est au reste un des grands inté­rêts de l’œuvre : c’est le sujet qui prend la parole et on ne sort pas tout à fait indemne de cette pro­me­nade sur des sables si mou­vants. Psy­cho­tique est un ouvrage pré­cieux. C’est émou­vant, drôle, empa­thique. Humain. Et drô­le­ment utile à l’heure où recom­mence à se faire entendre le bruit sinistre des portes qui claquent sur l’altérité…

Jean-François Pontegnie

Psychotique
Jacques Mathis et Sylvain Dorange
La Boîte à Bulles, 2019

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