Au moment où ces lignes sont écrites, près de 3500 blessés par balles et une centaine de manifestants palestiniens — dont des enfants — ont été abattus par l’armée israélienne à Gaza. Les autorités israéliennes n’en ont cure, fêtant l’ouverture de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem et reportant toute la faute sur le Hamas. Ce qui fait raisonner le film Foxtrot du réalisateur israélien Samuel Maoz d’une bien étrange manière. Celui-ci ayant essentiellement trait au déni. Déni d’une situation de guerre perpétuelle, d’une occupation entrainant morts et humiliations. Cette tragédie en trois actes d’un père vivant à Tel Aviv qui ne peut empêcher le destin implacable d’accomplir son œuvre meurtrière sur son fils Yonatan, en plein service militaire, annoncé mort puis vivant, reflète aussi la dimension tragique de la situation israélienne. Le film donne en effet à voir le prix de l’occupation pour la société israélienne, tout en symboles et de manière très esthétique. Film jugé « anti-israélien » par le ministère de la culture israélien, c’est la scène où de jeunes soldats conscrits pris de panique tuent un groupe de Palestinien·nes du même âge qu’eux à un checkpoint puis enclenche une opération pour littéralement enterrer la bavure à l’aide d’un buldozzer qui a défrayé la chronique. Cette scène allégorique ayant en effet eu un retentissement dans la vie réelle et entrainé de féroces commentaires politiques. Sans doute parce qu’elle aura touché juste, pile à l’endroit du refoulement social d’une société hautement militarisée.
Aurélien BerthierFoxtrot
Un film de Samuel Maoz
Pola Pandora / Spiro Films, 2017