Dans la nuit du 16 au 17 mai 2018, Mawda, une fille de deux ans, a été tuée par un policier sur l’autoroute près de Mons. Dans une camionnette, elle fuyait avec sa famille kurde les violences de son pays natal, vers un pays plus sûr et une vie meilleure. Mais elle est morte seule dans une ambulance, un peu plus tard, alors que ses parents étaient encore immobilisés, à genoux sur un parking, en état d’arrestation. Bouleversées par cette tragédie et en colère face aux enjeux politiques qu’elle symbolise, Marie-Aurore D’Awans et Pauline Beugnies ont écrit et mis en scène une pièce de théâtre. Au détour du parcours de la famille de Mawda, elles nous racontent et transmettent, avec des talenteux·ses comédien·nes, toutes les dimensions de cette dramatique affaire. Des dysfonctionnements graves de la justice (les premières heures d’instruction, les incompétences, les manquements etc.), aux mensonges et omissions médiatiques en passant par le l’absence de réponses politiques aux dépens de la famille, tout y passe. Au-delà de la tristesse et de la colère, on reste hébété et fasciné par autant de bêtise et de cruauté. Ce remarquable travail de reconstitution des différentes séquences de l’affaire aidera certainement celles et ceux qui souhaiteront comprendre plus encore ce qui se joue derrière ce qui n’est pas un simple fait divers, parce que révélateur des politiques migratoires assassines. Autant d’armes et de grain à moudre pour que nous soyons nombreuses et nombreux à demander des comptes à nos élus et pour empêcher que cette histoire se répète. Mawda, ça veut dire tendresse est une œuvre nécessaire : elle exprime ce que les prétoires, médias et autres arènes politiques semblent avoir abandonné : retrouver notre humanité. (JT)
Julien TruddaïuMawda, ça veut dire tendresse
Marie-Aurore D’Awans & Pauline Beugnies
KVS, 2021