Viril

Dans ce spectacle/manifeste, mis en scène par David Bobée, l’écrivaine Des­pentes, la rap­peuse Casey et l’actrice Béa­trice Dalle déclament des textes de la lit­té­ra­ture les­bienne, trans et fémi­niste radi­cale. Le flow spé­ci­fique de cha­cune est por­té par le groupe de post-rock Zëro. Une bande-son qui met en cadence et en ten­sion les scan­sions de ce mani­feste cho­ral en forme de coup de poing dans la face du patriar­cat. De nom­breuses voix emblé­ma­tiques des luttes de ces 50 der­nières années sont ain­si convo­quées pen­dant les 1h20 que dure le spec­tacle. Du Scum mani­fes­to de Valé­rie Sola­nas au King Kong Theo­ries de Des­pentes, des réflexions de l’activiste LGBT Itziar Ziga, aux écri­vaines afro-amé­ri­caines Audre Lorde et June Jor­dan, de la mili­tante trans Les­lie Fei­berg au phi­lo­sophe Paul B. Pre­cia­do. C’est une chose de lire ces textes — aus­si radi­caux soient-ils — quand ils se tiennent bien sage­ment cou­chés sur le papier d’un bou­quin. Mais scan­dés en mode colère et en public, ils prennent un tout autre relief. Dans l’écoute col­lec­tive, ils se par­tagent. Ils disent ici et main­te­nant une révolte contre les domi­na­tions mas­cu­lines, colo­niales et hété­ro­nor­ma­tives. Ils mani­festent. « Viril » se veut une expé­rience de « gué­rilla poé­tique » et c’est réus­si puisque, tout à la fois, le spectacle/manifeste dyna­mise les lec­tures de textes poli­tiques autant qu’il dyna­mite le patriar­cat. Et élec­trise toute une géné­ra­tion bibe­ron­née au fémi­nisme inter­sec­tion­nel et à l’antiracisme.

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