« Hérédité » (en 2018), était le premier long-métrage d’Ari Aster, génial jeune réalisateur et scénariste new-yorkais. En mars 2019 il présente son deuxième film. Midsommar (Solstice d’été). Si « Hérédité » était filmée dans une totale obscurité, Midsommar prend la tangente inverse. Sous un soleil brûlant et omniprésent , le film est à la fois un conte de fées macabre, un film de rupture et friction amoureuses, un opéra et un film d’ « horreur » païen. Pour ce faire, pendant des années, Ari Aster s’est imprégné de culture et d’histoire suédoises, le résultat qui s’en suit est sans équivoque. Dani l’un des personnages principaux vient de vivre la mort de ses parents assassinés par sa sœur dépressive qui a mis fin à ses jours après avoir incendié la maison. Sous le choc, traumatisée, Dani décide de suivre son compagnon, Christian, et ses amis, (tous étudiants en anthropologie) en voyage en Suède pour y découvrir sur les conseils de l’un d’eux, Harga, une communauté traditionnelle qui se livre tous les 90 ans à un étrange festival païen. Durant deux heures vingt dans une ambiance trépidante où l’on devine que des actes horrifiques vont se dérouler on ne sait quand, ni comment, ce film « d’horreur » que l’on peut qualifier de mythologique relève du sacrificiel. Ainsi les personnes âgées dans cette communauté se portent volontaires pour vivre leur fin de vie en se jetant d’un rocher et terminer la tête fracassée. Toute la communauté crie alors sa joie car cet acte symbolise une vie heureuse bien remplie et empreinte de sérénité ! Ari Aster a imaginé dans Midsommar certaines des morts les plus esthétiques, les plus apaisantes et les plus mémorables qu’il puisse exister dans l’histoire cinématographique. On pourrait même y voir un parallèle qui relierait la mort des parents de Dani aux rites pratiqués par le village suédois. Ce film a tant et de tels niveaux de lecture et de secrets qu’il est difficile de le réduire à un genre. On pourrait jusqu’à même y voir dans cette communauté suédoise blanche repliée sur elle-même un apologue de la montée de l’extrême-droite en Europe, ainsi qu’une approche sur la récente victoire des Démocrates de Suède, un parti politique suédois nationaliste et anti-immigration. Midsommar, tente de jalonner ce monde de détails prophétiques, comme l’image des ancêtres qui sont vénérés et respectés. On ne piétine pas leurs terres sous peine d’y trouver la mort sur son chemin. Ce film vous l’aurez compris est haletant, troublant, intelligent, référentiel à des passages mythologiques, politiques et philosophiques. On ne s’ennuie pas une seconde ! Il ne laisse pas indifférent.
Sabine BeaucampMidsommar
Ari Aster
2019