L’artiste sonore français Pali Meursault, venu à Valparaiso pour participer au festival Tsonami Arte Sonoro, se retrouve dans un Chili où la contestation sociale, débutée en octobre 2019, se poursuit. Adepte du field recording (enregistrement de terrain) qui sert de matière première à ses créations musicales, il a recueilli des bruits de matériaux emblématiques dans le cadre de ce mouvement social de grande intensité : casseroles, mobilier urbain, portes de banques, barrières de sécurité… qui tous sont frappés par des Chilien·nes suivant leur propres rythme ou énergie dans les rues de la ville, comme en écho à leur usage en manif. Mixés et répétés, il en ressort une longue plage de transe organique où les accidents sonores et les superpositions donnent la pulsation d’une lutte de haute volée. Le morceau se termine par les scansions de slogans, manière de raccrocher encore au plus près du rythme de cette lutte. Le tout donne une « protest music » immersive et expérimentale qui donne une passionnante interprétation d’un mouvement social qui, s’il est situé géographiquement, n’en concerne pas moins tous les états sous la coupe du néolibéralisme. Nous compris. N’hésitez pas à l’acquérir (4 dollars canadiens soit moins de 3 euros) puisque tous les bénéfices récoltés sont destinés aux caisses de grèves de Valparaiso.
Aurélien Berthier‹STRIKES›
Pali Meursault
Oral Records, 2020
On peut écouter (ou acheter) ce morceau en ligne ici :
https://oralrecords.bandcamp.com/album/strikes
"Que tremble l'injustice lorsque luttent ceux qui n'ont rien à perdre"