On n’associe pas spontanément musiques électroniques et politique alors que rock, folk, reggae, chanson à texte etc. viennent plus naturellement à l’esprit. Comme si avec l’électro, seul l’hédonisme primait. Pourtant, l’histoire de la techno a depuis ses débuts été liée à des pratiques politiques. Par exemple portées par des messages dans certains chants ou échantillons de discours scandés comme motif répétitif dans les morceaux, mais aussi de par sa forme fédératrice. La techno a ainsi notamment participé à la structuration de nombreux mouvements LGBTQI. Et permis des expérimentations collectives par la création de zones d’autonomie temporaires créées par les raves dans les campagnes et interstices de la ville. La Fraicheur, aka Perrine Sauviat, DJ et productrice habitant à Berlin, est aussi une militante intersectionnelle. Et l’héritière de ces visées politiques portées par la techno. Elle arbore souvent l’un des T‑shirt fait maison « Burning the patriarchy with acid (techno) » et manifeste régulièrement contre le parti allemand d’extrême droite AfD. La techno peut-elle être politique donc ? Assurément, quand on écoute ses morceaux acidulés et deep house truffés de samples de speech féministes, antiracistes, antihomophobes mais aussi anticapitalistes. Dans « The movement », on peut par exemple danser sur les punchlines acérées d’une Angela Davis très en forme. La subversion sur le dancefloor !
Aurélien BerthierSelf Fulfilling Prophecy
La Fraicheur
InFiné, 2018