Face aux dégâts écologiques

Mettre en débat la sortie de l’e‑commerce

Illustration : Adrien Herda

Dans quelle mesure la crois­sance spec­ta­cu­laire de la vente en ligne nuit-elle à l’environnement ? Ren­contre avec Solène Sureau et Ela Cal­lor­da Fos­sa­ti, deux éco­no­mistes qui mènent des recherches sur les tran­si­tions durables au sein de l’Institut de Ges­tion de l’Environnement et d’Aménagement du Ter­ri­toire (ULB). Parce que le sou­tien à des inno­va­tions « durables » ne suf­fit pas, elles tra­vaillent sur les scé­na­rios de sor­tie (qu’elles nomment « exno­va­tions ») des aspects les plus des­truc­teurs de l’environnement que ces pra­tiques de dis­tri­bu­tion entrainent. Que faire alors que le coût envi­ron­ne­men­tal que fait peser ce type de com­merce ne cesse d’augmenter ?

Quels sont les principaux dégâts écologiques qu’entraine la massification du commerce de vente en ligne ?

Solène Sureau : Les dégâts éco­lo­giques de l’e‑commerce sont liés d’une part aux infra­struc­tures néces­saires (infor­ma­tiques et pour le sto­ckage), au condi­tion­ne­ment des pro­duits, au trans­port en amont de la chaîne, et d’autre part, à son impact poten­tiel sur l’augmentation de la consom­ma­tion et la pro­duc­tion glo­bale de biens et ser­vices (effets rebonds). Pour d’autres postes, l’e‑commerce serait en revanche plus ver­tueux que le com­merce phy­sique. Il s’agit de l’énergie pour le sto­ckage des pro­duits (dans les entre­pôts ver­sus dans les maga­sins) et, même si ce der­nier point est sujet à débat, du trans­port en aval de la chaîne ou ce qu’on appelle « le der­nier kilo­mètre » (livrai­son à domi­cile ver­sus col­lecte par le consommateur).

L’idée que la livraison à domicile puisse être moins impactante écologiquement semble contre-intuitive puisqu’on met sur les routes beaucoup de camionnettes à moitié remplies…

SS : Certes, mais ce n’est pas non plus éco­lo­gique de faire dépla­cer une voi­ture sur 20 km pour aller faire quelques courses… Les éva­lua­tions d’impact de la dis­tri­bu­tion d’un pro­duit indiquent que le der­nier kilo­mètre est le poste d’émission le plus impor­tant. En cause, le fait que pour ce der­nier kilo­mètre, le trans­port se fait en majo­ri­té en voi­ture indi­vi­duelle. Avec l’e‑commerce, ce der­nier kilo­mètre est mutua­li­sé avec les biens d’autres consom­ma­teurs (comme les autres étapes de l’acheminement des pro­duits), ce qui fait dimi­nuer les émis­sions par pro­duit acheté.

Cepen­dant, les études qui arrivent à cette conclu­sion sont contes­tables. D’une part, elles consi­dèrent des tailles de paniers simi­laires entre les deux canaux (et sup­posent qu’un seul pro­duit est ache­té). Or, quand on va faire des courses en maga­sin, on n’achète pas qu’un seul pro­duit, et on ne se déplace pas seule­ment pour ça (on y va au retour du tra­vail par exemple). Il y a donc aus­si une forme de mutua­li­sa­tion qui est igno­rée par ces modèles d’évaluation. Et quand on achète en ligne, le nombre de biens ache­tés par com­mande (le panier) est sou­vent plus faible, en par­ti­cu­lier pour les achats non ali­men­taires. D’autre part, ces études ne prennent pas en compte des réa­li­tés de l’e‑commerce : les livrai­sons ratées (entre 7 et 20 % des livrai­sons) et les taux de retour impor­tants (qui concernent entre 10 et 30 % des achats et qui sont favo­ri­sés par la gra­tui­té des retours).

Par ailleurs, le déve­lop­pe­ment récent des livrai­sons rapides ou en moins de 24 h tend à réduire les béné­fices poten­tiels de l’e‑commerce en matière de mutua­li­sa­tion : plus la livrai­son doit être rapide, plus il est dif­fi­cile de conso­li­der les livrai­sons. Une étude amé­ri­caine montre que la réduc­tion des délais de livrai­son fait aug­men­ter le nombre de kilo­mètres par­cou­rus par colis, et par consé­quent les émis­sions de gaz à effet de serre (GES) et de polluants.

De plus, avec ces livrai­sons rapides, il y a un risque que les dis­tri­bu­teurs recourent à l’externalisation des livrai­sons à des non-pro­fes­sion­nels par le biais d’une pla­te­forme web dédiée (de type Uber), pour les­quelles la mutua­li­sa­tion est faible. Une étude bruxel­loise récente a éva­lué les « coûts externes » (en termes de GES, pol­luants, bruit et conges­tion) de ce type de livrai­son à 2,75 €, contre 0,32 € pour une livrai­son sous-trai­tée à une entre­prise de trans­port spé­cia­li­sée. Et ces chiffres ne prennent pas en compte les coûts sociaux de ces « emplois » ubé­ri­sés, sans sécu­ri­té aucune.

Sur des plateformes de vente en ligne comme Amazon, on est soumis à des publicités, des promotions, des suggestions et incitations d’achats qui sont ciblées sur base des données recueillies par ailleurs et qui peuvent nous pousser à l’achat impulsif ou à gonfler notre panier. Ce bombardement entraîne-t-il une surconsommation ?

SS : Il est fort pro­bable que ces dis­po­si­tifs incitent à une sur­con­som­ma­tion, mais on ne sait pas dans quelle mesure, faute d’études éva­luant les effets rebonds de l’e‑commerce. Notons juste que dans une enquête de Comeos réa­li­sée en 2017, un tiers des répon­dants affirment que leurs achats en ligne sont des achats sup­plé­men­taires. Une étude alle­mande conclut, elle, que l’e-com­merce fait aug­men­ter la consom­ma­tion totale des appa­reils numé­riques, mais pas des vête­ments. Ain­si, les achats en ligne de vête­ments se sub­sti­tuent (plu­tôt que s’ad­di­tionnent) aux achats de vête­ments en maga­sin : c’est mieux d’un point de vue envi­ron­ne­men­tal, mais moins bien pour les maga­sins de vêtements.

Ela Cal­lor­da Fos­sa­ti : Et même sans ces dis­po­si­tifs visant à pous­ser la consom­ma­tion, l’e‑commerce faci­lite l’achat et la vente de biens. Le fait qu’il soit pos­sible de consom­mer 7 jours sur 7 et 24h sur 24 fait qu’il n’y a pas de limite à la for­mu­la­tion des besoins mar­chands alors que dans un com­merce phy­sique, les heures d’ouverture régulent non seule­ment les condi­tions de tra­vail, mais aus­si les moments où l’on peut ache­ter. Agran­dir cette fenêtre est de nature à induire une aug­men­ta­tion de la demande globale.

SS : Par ailleurs, avec l’e-com­merce, la palette de pro­duits (c’est-à-dire l’assortiment) qu’il est pos­sible d’acheter s’agrandit. On a plus de chance de trou­ver ce que l’on cherche, notam­ment des pro­duits très spé­ci­fiques, et qui sont ven­dus par des dis­tri­bu­teurs situés loin de chez nous : l’appariement entre l’offre et la demande est faci­li­té. Cela peut être béné­fique s’il s’agit de pro­duits plus durables. Par exemple, les sites 2ememain.be ou Vin­ted per­mettent de trou­ver en seconde main ce que l’on aurait ache­té neuf. Mais on a aus­si plus de chances de trou­ver ce que l’on ne recher­chait pas, ce qui ne cor­res­pond pas à un « réel » besoin, et des pro­duits neufs, à impact éle­vé. Au final, l’e‑commerce devient un pro­blème si ça nous pousse à consom­mer plus, même des biens de seconde main, si l’on pense aux impacts de vête­ments livrés depuis l’autre côté de l’Europe par exemple.

ECF : D’autant que ces pla­te­formes concur­rencent des acteurs tra­di­tion­nels qui font de la seconde main avec des modèles d’é­co­no­mie sociale (comme Les Petits Riens).

Qu’en est-il de l’impact de l’e‑commerce sur l’emploi dans le secteur du commerce de détail ? Le commerce électronique crée-t-il ou détruit-il de l’emploi ?

Solène : L’e‑commerce crée de l’emploi dans le sec­teur du trans­port car la chaîne est allon­gée jusqu’au domi­cile du consom­ma­teur. En revanche, l’e‑commerce concur­rence les com­merces phy­siques qui eux, fonc­tionnent avec plus de main d’œuvre par pro­duit ven­du que les entre­pôts de l’e‑commerce. Ces com­merces phy­siques sont déjà affai­blis actuel­le­ment du fait de la satu­ra­tion du mar­ché géné­rée par une sur­offre de com­merce, et en Bel­gique, cer­tains appellent à frei­ner le déve­lop­pe­ment com­mer­cial. On a donc une créa­tion d’un côté et une des­truc­tion de l’autre, et le solde entre les deux n’est pas connu. Ce que l’on sait en revanche c’est que les emplois créés sont de moins bonne qua­li­té que les emplois détruits : le tra­vail inté­ri­maire est plus répan­du dans les entre­pôts que dans les maga­sins, et la livrai­son à domi­cile fonc­tionne en par­tie avec les jobs dits ubérisés.

Aus­si, l’e‑commerce va peut-être créer des emplois, mais ces emplois seront concen­trés dans quelques zones comme à Liège avec l’extension d’Alibaba et à Anvers avec l’ins­tal­la­tion d’Amazon et d’autres emplois répar­tis dans les com­merces de tout le ter­ri­toire seront détruits, et en par­ti­cu­lier dans les centres des villes moyennes. Ça risque d’accentuer les inéga­li­tés entre les villes, entre les ter­ri­toires, comme ce qui s’est pro­duit aux Etats-Unis avec Ama­zon.

ECF : Oui, il y a la ques­tion de l’effet net sur l’emploi et celle de la nou­velle réa­li­té spa­tiale qui en résulte. D’autant qu’avec un employeur unique qui acquiert un poids très impor­tant dans l’emploi d’une région, on entre dans la ques­tion de la vul­né­ra­bi­li­té éco­no­mique des ter­ri­toires. Par ailleurs, il existe une incer­ti­tude par rap­port aux pro­messes d’emploi qui accom­pagnent les négo­cia­tions des condi­tions d’implantation. Qui contrôle ou éva­lue ex-post ce que sont deve­nues ces pro­messes, et la péren­ni­té de ces emplois ?

Pris dans une course à la rapidité et la minimisation des coûts, les plateformes ont tendance à un gaspillage en emballage. Beaucoup de gens ont vécu l’expérience de recevoir des produits commandés en une seule fois, mais qui arrivent dans des paquets et des moments de livraison différents. On a une idée des dégâts de ce suremballage ?

SS : En effet, les études montrent que l’e‑commerce uti­lise plus d’emballage que le com­merce phy­sique. Par exemple, pour les livres, l’emballage requis pour l’e‑commerce consomme cinq fois plus d’énergie que celui pour le com­merce physique.

Et qu’en est-il de l’impact du numérique ?

SS : Le com­merce en ligne ajoute un type de consom­ma­tion de res­sources et d’énergie par rap­port au com­merce phy­sique : celui lié aux infra­struc­tures infor­ma­tiques. Ceci com­prend la consom­ma­tion d’énergie liée à la recherche sur l’e‑shop, mais aus­si la consom­ma­tion d’énergie et de res­sources pour la pro­duc­tion, l’utilisation et la mise en rebut d’une part, de l’ordinateur ou du smart­phone de l’acheteur et d’autre part, des data cen­ters (ou centres de don­nées). Peu d’études prennent en compte l’ensemble des impacts liés à ces infra­struc­tures, mais ils seraient en fait très mar­gi­naux dans l’ensemble d’une com­mande. Une étude euro­péenne conclut ain­si que les infra­struc­tures infor­ma­tiques émettent seule­ment entre 0,2 et 1,1 % des GES émis sur l’ensemble du cycle de vie des pro­duits ache­tés en ligne (c’est le der­nier km qui serait le plus gros contri­bu­teur). Cepen­dant, le pro­blème est que (presque) tout le monde achète en ligne désor­mais, donc même si par uni­té ce n’est pas grand-chose, quand on regarde tous les achats en ligne, ça fait beaucoup…

Oui, cela devient colossal si on multiplie ce chiffre par les dizaines de millions de commandes en ligne passées chaque année en Belgique…

SS : Exact. Quand on regarde les impacts par uni­té de pro­duits com­man­dés, on observe que la contri­bu­tion du numé­rique est faible, comme je viens d’expliquer. Mais comme l’e-com­merce repré­sente des grosses quan­ti­tés (12 % des achats en Bel­gique en 2020) et connaît un essor très impor­tant (crois­sance annuelle esti­mée autour de 10 % pour les années à venir), on doit ins­tal­ler de plus en plus de data cen­ters, et les impacts de l’ensemble des com­mandes en ligne aug­mentent en consé­quence. Cepen­dant, ces impacts sont dif­fi­ciles à esti­mer. On connaît la consom­ma­tion glo­bale d’énergie du numé­rique, et on sait que celle-ci aug­mente d’année en année, ce qui est déjà une indi­ca­tion. Pour la Wal­lo­nie, il a été esti­mé qu’elle repré­sen­tait plus de 10 % de la consom­ma­tion d’électricité en 2018 et qu’elle pour­rait tri­pler d’ici 2030 selon une étude com­man­dée par le gou­ver­ne­ment wal­lon. En France, elle aug­mente d’environ 9 % par an. Mais on ne connaît pas la contri­bu­tion de l’e-com­merce à cette consom­ma­tion d’énergie.

ECF : Et il y a l’impact de la publi­ci­té numé­rique qui est dif­fi­cile à mesu­rer et a prio­ri pas pris en compte par les études citées par Solène. Une étude a ten­té de chif­frer cet « impen­sé éner­gé­tique » : la publi­ci­té numé­rique aurait consom­mé en 2016 l’équivalent de 1,5 fois la consom­ma­tion annuelle d’électricité de la région Ile-de-France ! En plus de l’impact direct sur la consom­ma­tion d’éner­gie, la publi­ci­té en ligne incite à la sur­con­som­ma­tion et pose de nom­breux pro­blèmes (éco­no­mie de l’attention, atteintes à la pro­tec­tion de la vie privée…).

Difficile donc d’affirmer que l’e-commerce contribuerait à baisser les impacts environnementaux de la consommation, comme s’en vantent parfois les plateformes de commerce en ligne ?

SS : Dif­fi­cile en effet. Car quand on cherche à connaître l’impact envi­ron­ne­men­tal net d’une inno­va­tion comme l’e‑commerce, il faut regar­der deux choses : si l’impact par uni­té est moins impor­tant que ce que l’innovation vient rem­pla­cer (c’est-à-dire le com­merce phy­sique), et si l’innovation n’augmente par les quan­ti­tés pro­duites et consom­mées glo­bales. La plu­part des éva­lua­tions d’impact de l’e‑commerce ne consi­dèrent que l’impact par uni­té (ce sont des ana­lyses de cycle de vie, comme les empreintes car­bone). Or, on peut sérieu­se­ment dou­ter de la sup­po­sée plus grande dura­bi­li­té d’un achat en ligne par rap­port à un achat phy­sique, du fait de ce que j’ai pré­cé­dem­ment évo­qué sur le der­nier kilo­mètre. Deuxio, comme je l’ai déjà indi­qué, l’e‑commerce aug­mente cer­tai­ne­ment la consom­ma­tion glo­bale de biens et ser­vices et donc aus­si leur production.

Beaucoup de luttes se focalisent actuellement sur l’implantation de nouveaux entrepôts logistiques par de grandes plateformes. Quels problèmes posent-ils ?

SS : Le prin­ci­pal pro­blème est lié au fait de mettre des infra­struc­tures de tailles impres­sion­nantes là où il n’y en avait pas, alors que des infra­struc­tures dédiées au com­merce de détail existent déjà, fonc­tionnent et suf­fisent cer­tai­ne­ment. De la même manière que pour l’emploi, les entre­pôts de géants de l’e‑commerce comme Ama­zon amènent et concentrent des flux, les rota­tions des poids lourds et camion­nettes autour d’eux, dans cer­taines zones. Et du fait du déve­lop­pe­ment de l’e-com­merce des « pure players » (les dis­tri­bu­teurs ven­dant exclu­si­ve­ment en ligne comme Ama­zon), on construit des nou­velles infra­struc­tures — sur des friches indus­trielles dans le meilleur des cas. Mais sou­vent on arti­fi­cia­lise des terres pour cela, et donc on raré­fie le fon­cier agri­cole qui coûte déjà très cher et qui est cen­sé nous nour­rir, nous four­nir des intrants pour des agro­car­bu­rants, pour des pro­duits bio­sour­cés, etc. On construit, on consomme des res­sources, alors que des infra­struc­tures pour faire fonc­tion­ner un cer­tain type de com­merce de détail existent déjà. Il est temps que nous fas­sions avec ce qui est là et que l’on cesse d’artificialiser, d’extraire, de déve­lop­per… On a déjà fait des erreurs avec le déve­lop­pe­ment à tout va des centres et parcs com­mer­ciaux, qui ont arti­fi­cia­li­sé des terres, fait concur­rence aux com­merces exis­tants et qui main­te­nant vivent une baisse de leur fré­quen­ta­tion… Ne fai­sons pas la même erreur avec l’e‑commerce !

Une étude fran­çaise montre que la contri­bu­tion de l’e‑commerce à la consom­ma­tion d’espaces natu­rels agri­coles et fores­tiers est très faible par rap­port à d’autres sec­teurs (habi­tat, infra­struc­tures de trans­port, fon­cier éco­no­mique). Cepen­dant, au vu des enjeux cli­ma­tiques actuels, il me semble qu’il faut limi­ter par­tout où c’est pos­sible l’artificialisation des sols.

ECF : Il faut noter que l’opposition à l’implantation de nou­veaux entre­pôts pré­sente une forte capa­ci­té de mobi­li­sa­tion citoyenne : le tra­fic rou­tier ou l’architecture peu esthé­tique de ces bâti­ments peut arri­ver à mobi­li­ser des gens plus faci­le­ment que d’autres aspects pour­tant plus dom­ma­geables envi­ron­ne­men­ta­le­ment. C’est ce que l’on appelle le phé­no­mène du NIMBY (« not in my backyard »). Tou­te­fois, on voit appa­raître un autre récit autour de ces mobi­li­sa­tions : « ni ici ni ailleurs » (ou NIABY qui veut dire « Not in anyone backyard »), par exemple à Liège face au pro­jet d’extension de l’aé­ro­port et l’implan­ta­tion d’Alibaba.

On peut aus­si s’in­ter­ro­ger sur la capa­ci­té des pou­voirs publics à négo­cier avec un méga-acteur comme Ama­zon. Le rap­port de force qui peut être éta­bli est bien plus défa­vo­rable que celui entre­te­nu avec les acteurs du com­merce tra­di­tion­nel, en par­ti­cu­lier avec ceux qui ont un ancrage local. Les petits com­mer­çants ont une capa­ci­té de ges­tion et de prise de déci­sion sur leur acti­vi­té que n’ont pas les mana­gers d’Amazon (ni d’ailleurs les mana­gers des chaînes de maga­sins). Les choses impor­tantes se décident ailleurs. À la limite et pour uti­li­ser un terme à la mode en matière de gou­ver­nance, il est impos­sible de « co-créer » avec Amazon.

On se souvient de la déclaration de Paul Magnette en février 2022, selon laquelle il serait « souhaitable de sortir de l’e-commerce » comme on tente de sortir du nucléaire, propos qui avait déclenché sarcasmes et levée de bouclier à l’époque. Faut-il poser la question en ces termes ? Et comment cette proposition de sortie rejoint vos recherches sur l’exnovation ? En fait, de quoi il faudrait sortir exactement quand on parle d’e‑commerce ?

ECF : Avec cette décla­ra­tion, Paul Magnette a défrayé la chro­nique (jusqu’à se faire accu­ser de vou­loir reve­nir à « l’âge de pierre », un pro­ces­sus de dis­qua­li­fi­ca­tion clas­sique), mais le débat qui a sui­vi a cepen­dant per­mis de mettre sur le devant de la scène une ques­tion qui était jusqu’ici poli­ti­que­ment taboue. Déjà, quand quelqu’un est accu­sé de vou­loir reve­nir à l’âge de pierre ou à la bou­gie, ça devrait nous aler­ter. Il y a là un pro­cé­dé clas­sique de dis­qua­li­fi­ca­tion que la « socio­lo­gie des absences » explique par la « mono­cul­ture du temps linéaire », c’est-à-dire par une logique qui pré­tend que l’histoire a un sens et une direc­tion unique, qu’elle est une flèche du temps vers le « pro­grès » (ou indif­fé­rem­ment vers la moder­ni­sa­tion). En tenant pour rétro­grade tout ce qui s’écarte de cette logique, on rend des ques­tions comme celle de la sor­tie de l’e‑commerce non dignes de débats et de recherches. Avec ce type de pro­cé­dé, on pro­duit des absences, on crée des non exis­tences dans le débat public. Nous pen­sons que cette dis­cus­sion sur « ce dont il faut sor­tir » pour des rai­sons de non-via­bi­li­té socio-éco­lo­gique est néces­saire et nous cher­chons à l’aborder à tra­vers le concept d’exnovation. Celui-ci désigne les stra­té­gies visant à faire décli­ner ce qui n’est pas durable : les indus­tries, les tech­no­lo­gies, les consom­ma­tions, les manières de pro­duire, les infra­struc­tures, les pra­tiques, les modèles d’entreprise trop car­bo­nés ou qui posent d’autres pro­blèmes (pol­lu­tion, bio­di­ver­si­té, tra­vail décent, etc.).

Ce concept d’exnovation nous fait prendre une dis­tance cri­tique par rap­port à l’approche clas­sique dite de « la tran­si­tion », axée sur la sur­vie et la « mise à l’échelle » des inno­va­tions dites de niche et durables. Quand la ministre bruxel­loise de l’économie, Bar­ba­ra Trachte, dit que « entre Ama­zon et la bou­gie, il existe aus­si des ini­tia­tives qui conci­lient e‑commerce et PME/indépendants » (en fai­sant réfé­rence à mymarket.brussels), elle s’ins­crit dans cette approche clas­sique de « la tran­si­tion » qui parie très fort sur les alter­na­tives et leur sou­tien. Or, il existe une sorte de « pla­fond de verre » qui fait que des alter­na­tives comme mymarket.brussels ne peuvent pas se déve­lop­per au-delà d’un cer­tain seuil tant que les acteurs domi­nants comme Ama­zon res­tent en place. Les alter­na­tives ont besoin de « place » pour se déve­lop­per. Avec le concept d’exnovation, nous nous concen­trons sur les stra­té­gies qui visent à défaire les confi­gu­ra­tions socio­tech­niques non durables de l’économie et, ce (dé)faisant, per­mettent aux alter­na­tives d’avoir de la place pour réel­le­ment se déployer et deve­nir la nou­velle norme. En même temps, nous devons être très atten­tives à ce que nous appe­lons « alter­na­tives » et en par­ti­cu­lier à leur impact sur les quan­ti­tés consommées.

En réa­li­té, les pro­pos de Paul Magnette ne sont pas si iso­lés qu’ils ont pu le paraître. La « mouche qui a piqué Paul Magnette », pour reprendre un titre de presse, a aus­si piqué chez nos voi­sins fran­çais dans un contexte mar­qué par la fin des tra­vaux de la Conven­tion citoyenne pour le cli­mat et par des échéances élec­to­rales. En octobre 2021, c’est la can­di­date à la pri­maire éco­lo­giste fran­çaise San­drine Rous­seau qui décla­rait « Oui, il faut arrê­ter Ama­zon ». Mais com­ment ? Qu’est-ce que ça implique ? Et est-ce seule­ment Ama­zon qui serait concer­né ? « Socio-tech­ni­que­ment » la ques­tion est très com­plexe, et pro­ba­ble­ment, le tort de Magnette, c’est d’avoir négli­gé dans ses pro­pos de départ cette com­plexi­té. Est-ce que l’on sort de l’e‑commerce comme l’on sort du nucléaire ? Les réa­li­tés de l’e‑commerce sont très hété­ro­gènes, les acteurs d’e‑commerce très nom­breux et dif­fé­rents, l’in­fra­struc­ture infor­ma­tique néces­saire est par­ta­gée avec d’autres usages, etc. En somme, nous pen­sons que la ques­tion de la « sor­tie de l’e‑commerce » est utile pour lever un tabou, mais qu’elle doit être décor­ti­quée. C’est pour­quoi, nous avons réflé­chi à la tra­duc­tion des impacts néga­tifs de l’e-com­merce et des formes les moins durables d’e‑commerce en scé­na­rios d’exnovation. En d’autres termes, nous avons cher­ché à pré­ci­ser ce dont il serait ques­tion de sor­tir quand on parle de sor­tie de l’e‑commerce. Nous avons iden­ti­fié quatre prin­ci­pales ten­dances néga­tives dans le com­merce de détail qui sont exa­cer­bées par l’essor de l’e‑commerce et nous avons envi­sa­gé des pistes de « scé­na­rios de sor­tie de » pour les contrer. [Voir enca­dré, 4 scé­na­rios d’exnovation en fin d’ar­ticle]. Ces scé­na­rios ne consti­tuent pas des recom­man­da­tions de stra­té­gies prêtes à l’emploi mais plu­tôt des clés pour un débat qui doit être démocratique.

Qu’est-ce qui en ressort ? Faut-il réglementer ? Voire interdire certaines pratiques ?

ECF : L’exnovation peut être conçue comme un ensemble d’interventions visant à désta­bi­li­ser et à ame­ner vers le déclin les modes de pro­duc­tion et de consom­ma­tion non durables. Reti­rer les avan­tages exis­tants, taxer, inter­dire, régle­men­ter la sor­tie… (en plus de sou­te­nir les alter­na­tives durables). Les ins­tru­ments pos­sibles sont mul­tiples, mais il est essen­tiel qu’ils soient mus par une vision sys­té­mique des pro­blèmes de non-via­bi­li­té socio-éco­lo­gique et par des prin­cipes de pla­ni­fi­ca­tion démo­cra­tique et de jus­tice sociale.

Est-ce qu’une mesure comme l’interdiction de la livraison gratuite serait par exemple pertinente ?

ECF : Faire en sorte que les frais de livrai­son cor­res­pondent aux coûts réels peut contri­buer à réduire l’impact envi­ron­ne­men­tal de l’e‑commerce. Mais cela pose notam­ment des ques­tions de pou­voir d’achat et de jus­tice sociale qui révèlent des arbi­trages plus com­plexes : ceux qui peuvent payer plus pour­ront-ils tou­jours se faire livrer à domi­cile, tout et n’importe quoi, à toute heure… ? Une mesure iso­lée ne suf­fi­ra pas à faire face à l’ensemble des « coûts socié­taux » de l’essor de l’e-commerce.

SS : À Bruxelles, les livrai­sons à domi­cile pour­raient être inter­dites ou très taxées (en tous cas pour les petites com­mandes, qui peuvent faci­le­ment être récu­pé­rées à pied). Comme éva­lué par les cher­cheurs en mobi­li­té de la VUB, la col­lecte en points de dépôt génère en effet moins d’impacts que la livrai­son à domi­cile dans une zone urbaine où la mobi­li­té douce et par­ta­gée est majo­ri­taire. En favo­ri­sant la col­lecte en points de dépôt, on aide aus­si les com­mer­çants tra­di­tion­nels bruxel­lois. Ce n’est pas le cas avec la livrai­son vers des lockers ou casiers, qui se déve­loppent de plus en plus, notam­ment à Bruxelles. En plus de l’esthétique dis­cu­table de ces casiers, a‑t-on vrai­ment besoin de pou­voir récu­pé­rer son colis à toute heure du jour et de la nuit ? Même chose pour les livrai­sons en véhi­cules moto­ri­sées faites par le biais d’emplois ubé­ri­sés. En plus de favo­ri­ser des emplois pré­caires, ce type de livrai­son serait très peu éco­lo­gique com­pa­ré à celui mené par des entre­prises de logis­tique spé­cia­li­sées comme Bpost par exemple.

ECF : De telles mesures (l’interdiction ou la sur­taxa­tion des livrai­sons à domi­cile en véhi­cule moto­ri­sé) vien­draient aus­si sou­te­nir le déploie­ment de la cyclo-logis­tique (qui est par ailleurs salué par la Région). Tou­te­fois, une des dif­fi­cul­tés avec l’interdiction c’est qu’elle s’accompagne sou­vent de conflits sur les excep­tions et déro­ga­tions légitimes.

Et qu’en est-il du moratoire sur l’implantation de nouveaux entrepôts de l’e-commerce qui figurait par exemple dans le projet de « Loi climat » en France ? Est-ce qu’il va être mis en place ?

ECF : Bonne ques­tion… Il n’en reste pas grand-chose. Il n’y a fina­le­ment pas de mora­toire sur l’implantation de nou­veaux entre­pôts de l’e-com­merce dans la « Loi cli­mat » qui a été adop­tée. Le mora­toire ain­si que les autres pistes de régu­la­tion (impo­si­tion d’un sys­tème d’étiquetage envi­ron­ne­men­tal de l’e-com­merce – du style du « nutri-score » – et la taxa­tion des livrai­sons) ont été écar­tées et rem­pla­cées par une tout autre logique d’action : l’engagement volon­taire des entre­prises dans des « bonnes pra­tiques ». On est dans la conti­nui­té de l’esprit de la RSE (Res­pon­sa­bi­li­té sociale des entre­prises) dont on connait les limites… La Fédé­ra­tion fran­çaise de l’e-com­merce et de la vente à dis­tance (Fevad) a obte­nu ce retrait et en contre­par­tie s’est enga­gée à par­ti­ci­per à l’élaboration d’une charte pour un « e‑commerce res­pon­sable ». Sauf que cette charte ne concerne que le très petit nombre d’acteurs de l’e-com­merce qui a déci­dé de la signer (des mas­to­dontes comme Ama­zon ou Zalan­do ne l’ont pas fait par exemple). Elle exclut cer­tains domaines de la for­mu­la­tion des « bonnes pra­tiques » (la publi­ci­té numé­rique par exemple). Et sur­tout (ce qui est impor­tant en termes d’exnovation), elle ne se posi­tionne pas par rap­port au main­tien des « mau­vaises pra­tiques » et négli­gences. L’ha­bi­le­té des lob­bys à contour­ner les poli­tiques d’exnovation est conster­nante. C’est encore plus atter­rant quand on sait que cette mesure là (le mora­toire) était déri­vée de l’une des pro­po­si­tions de la Conven­tion citoyenne pour le cli­mat, rédi­gée par 150 citoyen·nes tiré·es au sort pour réflé­chir à un « nou­veau régime climatique »…

Le moratoire est-il une forme d’exnovation que l’on pourrait aussi retrouver en Belgique ?

ECF : En Bel­gique, on ne voit pas encore de mora­toires concer­nant l’e-com­merce. Mais on en constate ailleurs, par exemple aux Pays-Bas où, un mora­toire a été déci­dé sur l’implantation de nou­veaux data-cen­ters à Amster­dam en 2019 et un autre plus récem­ment (jan­vier 2022) sur le « quick com­merce » des « dark stores », tou­jours à Amster­dam [Le « quick com­merce » est un com­merce en ligne basé sur des livrai­sons ultra rapides, quelques dizaines de minutes, ren­dues pos­sibles par un réseau de maga­sins fer­més au public, dits « dark store », dis­sé­mi­nés dans toute la ville NDLR]. On peut aus­si pen­ser au cas de l’Al­le­magne qui en règle géné­rale inter­dit la construc­tion de nou­veaux entre­pôts à l’extérieur des zones déjà urba­ni­sées. La Wal­lo­nie et la Flandre ont l’objectif de stop­per l’artificialisation des sols (pour 2050 et 2040 res­pec­ti­ve­ment) mais n’ont, quant à elles, pas encore pla­ni­fié de moratoires…

Le mora­toire per­met d’arrêter à un moment don­né et dans un espace don­né des déve­lop­pe­ments (e)commerciaux spé­ci­fiques. Il cible la dimen­sion infra­struc­tu­relle et spa­tiale des confi­gu­ra­tions socio­tech­niques non durables (et rejoint alors la prin­ci­pale pré­oc­cu­pa­tion de notre scé­na­rio d’exnovation N°1 d’utilisation de l’existant). Mais est-ce qu’il va per­du­rer, se géné­ra­li­ser et s’inscrire dans la pla­ni­fi­ca­tion d’une poli­tique d’exnovation ou est-ce qu’il joue un autre rôle ? Car un mora­toire peut aus­si tout sim­ple­ment per­mettre aux pou­voirs publics de se don­ner le temps de réflé­chir à une régu­la­tion pos­sible du phé­no­mène plu­tôt que de lais­ser faire et se retrou­ver au pied du mur, sou­mis à la vitesse du déve­lop­pe­ment com­mer­cial et à des effets néga­tifs poten­tiel­le­ment irré­ver­sibles. Ce type de mora­toire, conçu en tant qu’arrêt tem­po­raire (pour pen­ser la régu­la­tion de quelque chose que l’on envi­sage comme encore viable socio-éco­lo­gi­que­ment si c’est régu­lé et dont on réus­sit à limi­ter ses impacts néga­tifs), se dif­fé­ren­cie évi­dem­ment fort d’un mora­toire qui vise­rait, lui, à annon­cer une sor­tie pro­gres­sive des déve­lop­pe­ments (e)commerciaux non viables. Mais ce serait déjà ça !

En fait, pour com­prendre ces mora­toires, il faut com­prendre non seule­ment le « quoi » (la spé­ci­fi­ci­té du déve­lop­pe­ment (e)commercial ciblé), le « où ? » (un site, une com­mune, deux com­munes, tout un pays…), le « quand ? » (d’ici un an, d’ici à terme indé­fi­ni…), mais aus­si le « qui ? ». L’idée de nos recherches, c’est d’ailleurs aus­si de voir qui sont les acteurs sus­cep­tibles de for­mer une coa­li­tion capable de créer le rap­port de force qui va faire que le mora­toire voit le jour et s’inscrive dans une poli­tique d’exnovation. Un exemple inté­res­sant (et même sur­pre­nant) à Bruxelles est celui de la « Pla­te­forme inter­ré­gio­nale pour une éco­no­mie durable ». Cette pla­te­forme qui regroupe des acteurs au pro­fil fort dif­fé­rent (des asso­cia­tions locales tra­vaillant sur des ques­tions d’environnement et d’urbanisme, des syn­di­cats mais aus­si des fédé­ra­tions patro­nales repré­sen­tant les petits com­merces) s’oppose depuis plus de 10 ans à l’implantation de nou­veaux « grands centres com­mer­ciaux » dans la Région et sa péri­phé­rie proche. Aujourd’hui, grâce à ce tra­vail de contes­ta­tion, un mora­toire sur les nou­veaux centres com­mer­ciaux fait par­tie de la Décla­ra­tion de poli­tique régio­nale bruxel­loise. Il fau­drait arri­ver à créer un rap­port de force simi­laire concer­nant les pires formes de l’e-com­merce et leurs infrastructures…

Quatre scénarios d’exnovation pour sortir de l’e-commerce le plus délétère

N°1 Sortir… pour utiliser l’infrastructure qui est déjà là ! - Scénario de sortie de l’e-commerce des pure players et de l’aménagement de nouvelles zones commerciales et logistiques. Actuellement, on construit des nouvelles infrastructures, alors qu’on a déjà des infrastructures pour le commerce. Ce scénario propose de stopper cette tendance en renforçant les formes d’e-commerce multicanal (c’est-à-dire à la fois en ligne et en magasin) qui utilisent les infrastructures existantes et n’en développent pas de nouvelles. Ce sont des formules plus intéressantes du point de vue de l’utilisation des sols mais aussi de l’impact du dernier kilomètre que l’e-commerce des pure players (les acteurs exclusivement en ligne), selon une étude britannique. Les magasins sont en effet situés plus près des domiciles des consommateurs que les entrepôts, et sont déjà là pour la plupart. Par ailleurs, on diminuerait ainsi les emplois dans les entrepôts dont les conditions sont moins bonnes qu’en magasin.

N°2 Sortir… pour un commerce slow et de proximité - Scénario de sortie de l’e-commerce lointain et rapide. Aujourd’hui, on achète des biens qui viennent de loin, qui doivent arriver rapidement, et qui viennent par des modes de transport très carbonés. Et ce, alors même que des alternatives existent : bateau versus avion, transport ferroviaire ou fluvial versus routier, camionnettes électriques ou cyclo-logistique versus diesel. Avec les abonnements de type « Prime » (par lequel Amazon vous promet une livraison en moins de 24 heures) et les livraisons gratuites, le prix de livraison est complètement déconnecté des coûts écologiques des livraisons mais aussi des coûts de revient. Ce scénario qui mettrait un frein aux livraisons les plus productrices de GES est à contre-courant des tendances actuelles mais c’est primordial de s’attaquer à ce problème, au vu de nos émissions de GES liées au transport qui sont les seules à ne pas baisser !

N°3 Sortir… pour des rapports de force équilibrés dans le commerce - Scénario de sortie de l’e-commerce des géants. La distribution est déjà un secteur très concentré : quelques acteurs dominent le marché et imposent les termes de l’échange au reste de la chaîne. L’économie de plateforme, les « marketplaces», augmente ce phénomène. Il s’agirait donc de déstabiliser ces géants de l’e-commerce qui ont un pouvoir de marché disproportionné par rapport aux autres acteurs de la chaine (en particulier les fournisseurs). Par ailleurs, cela viserait également à contrer une tendance en cours depuis plusieurs décennies : le déclin des commerces indépendants du fait de l’essor des chaines.

4 Sortir… pour consommer sobrement, moins et mieux - Scénario de sortie de l’e-commerce des biens neufs et non durables. L’e-commerce augmente la consommation globale de biens et de services. Mais d’un autre côté, l’e-commerce permet aussi un appariement facilité pour des biens très spécifiques, notamment les biens durables (écologiques, commerce équitable, à longue durée de vie) et de seconde main. L’idée ici serait de freiner délibérément l’e-commerce des biens non-durables, pour favoriser le (e-)commerce des biens durables. Un enjeu primordial quand on sait que c’est la phase de production qui représente l’essentiel des émissions d’un produit le long de son cycle de vie.

Plus d’infos sur l’exnovation sur https://exnovation.brussels

 

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