[COVID-19] « Derrière ma fenêtre… » — Journal collectif du confinement — (5)

Illustration : peinture de Mehrin Mohktari

« Der­rière ma fenêtre, je vois… » est le résul­tat d’un ate­lier d’écriture à dis­tance, ini­tié par la régio­nale PAC de Namur, mené sur Face­book et par cour­rier. Les participant·es confiné·es n’ont eu pour seule contrainte que de com­men­cer leurs écrits par cette phrase. Évi­dem­ment détour­née, retour­née, trans­fi­gu­rée, cette consigne a per­mis la créa­tion d’un véri­table jour­nal col­lec­tif de confi­ne­ment fait de mul­tiples frag­ments et ins­tan­ta­nés. Redé­cou­verte de la nature au tra­vers d’odes buco­liques. Redé­cou­verte du temps, entre séré­ni­té et ennui, entre petits bon­heurs et anxié­té, attente et peur de l’avenir. Moments de colères et de frus­tra­tions face à une ges­tion de crise catas­tro­phique. Moments de soli­tudes et de manques de ses proches. Moments d’espoirs aus­si d’un Après (mais après quoi ?)… des textes sub­jec­tifs et de toutes natures qui per­mettent de dres­ser un pre­mier por­trait de l’expérience sociale inédite qu’a été ce confi­ne­ment. Cin­quième et der­nier volet de la série, du 10 au 18 mai, qui achève avec l’a­morce du décon­fi­ne­ment, entre sou­la­ge­ment et doutes, entre pré­vi­sion d’un futur sombre ou au contraire oppor­tu­ni­té de renou­veau. Une chose est sûre : c’est l’heure des comptes…

10 mai 2020

Der­rière ma fenêtre, je vois une bulle*…
On est le 10 mai.
 — Dis mais, mamaaaan, tu ne mets plus de rouge à lèvres ? Lance Lili d’une voix enjouée. C’est encore à cause du coro­vi­rus ? (elle com­mence dou­ce­ment à moins écor­cher ce mot — bra­vo Lili!)
 — Du rouge à lèvres ? Oh oui tiens ! Je l’avais com­plè­te­ment oublié celui-là ! Tu veux qu’on se maquille aujourd’hui ?
 — Oui, on pour­rait mettre du rouge à lèvres, puis faire des bisous sur une lettre et la dépo­ser chez mamy ?
 — Mais, on peut même ren­trer chez elle aujourd’hui, tu sais… Aujourd’hui est un jour spé­cial.
 — Mais moi, je ne veux pas, je n’ai pas envie de lui don­ner le corovirus…
-🤔…

(Mari­na Bay)

#Fic­tion #Covid19 #Nou­so­na­mu­té
—- —- —-
*Bulle : (Larousse en ligne)
‑Petite quan­ti­té d’air, de gaz, de vapeur qui prend la forme sphé­rique dans un liquide ou dans une matière en fusion (verre, métal) ou solidifiée.
‑Dans une bande des­si­née, élé­ment gra­phique, défi­ni le plus sou­vent par une ligne fer­mée, qui per­met d’ex­pri­mer les paroles ou les pen­sées des personnages.
‑Enceinte sté­rile en plas­tique trans­pa­rent dans laquelle on place dès sa nais­sance un enfant (enfant bulle) atteint d’une forme aiguë de défi­cience immu­ni­taire héréditaire.

Mais aus­si :
Lettre apos­to­lique rédi­gée en forme solen­nelle, dont l’ob­jet est d’intérêt…

Et puis des envolées :
Bulles de savon, d’air, d’oxygène, de cham­pagne, pro­tec­trice et salvatrice,…

***

Der­rière ma fenêtre je vois des bal­lades à faire ou ne pas faire avec des papillons en vol et dans nos ventres. C’est en des temps géli­fiés et confits, nés d’un covid, que se mani­festent bien des évi­dences, tout azi­muts. Moi c’est sur ses bat­te­ments d’elle et son souffle que je reste ali­gné en atten­dant la ryth­mique syn­chro­ni­sa­tion lors de son retour pour la pré­ci­sion atomique.

(Joëlle C.)

***

Der­rière ma fenêtre, je vois…
Le soleil qui se lève et se couche, inlas­sa­ble­ment, égrai­nant les jours…
Quelques oiseaux, quelques voisin·e·s, qui, der­rière leur fenêtre, me voient…
Des passant·e·s masqué·e·s qui s’évitent.
Un hori­zon pas très pro­fond, les bar­rières de la ville.

Alors, sur­tout, j’entends…
Les pre­mières semaines, du silence, étrange dans cette ville qui ne s’ar­rête jamais… puis, petit à petit, ça revient, vélos, piéton·ne·s, voi­tures et camions, le bal­let recommence.
Mais sur­tout, les sirènes de police, très fré­quentes, les haut-par­leurs qui écartent les per­sonnes trop proches, l’hé­li­co qui tourne la nuit… tous ces sons qui me (nous ?) gardent en tension.

Vue et ouïe qui m’at­tristent… Que vont deve­nir nos rap­ports humains ? Vont-ils sur­vivre à tant de dis­tance et sur­tout de peurs entretenues ?

Mais oui, tout ira bien…

(Char­lotte Belayew)

***

Sai­sis­sons ce momen­tum ! Rééva­luons le sens de nos actions.

Soyons clairs, d’autres crises nous attendent si nous ne chan­geons rien : dérè­gle­ment cli­ma­tique, mou­ve­ments migra­toires, épui­se­ment des res­sources, implo­sions poli­tiques et éco­no­miques… Il est fon­da­men­tal de sai­sir ce moment pour don­ner concrè­te­ment forme au futur, por­ter au loin notre regard et nous inter­ro­ger sur la façon dont nous vou­lons vivre et agir en ce monde, lan­cer le débat sur les aspects de notre sys­tème dont nous avons besoin, ceux dont nous ne vou­lons plus et ceux qui doivent être amé­lio­rés afin d’envisager un ave­nir dans un monde plus sain, plus juste, plus solidaire.

Cha­cun porte en lui une force de chan­ge­ment. Dans un monde qui ne tourne plus rond, il faut poser un choix entre res­ter spec­ta­teur ou deve­nir acteur. Prendre son des­tin en main ou subir les chocs. Chan­ger de cap ou relan­cer la machine de plus belle.

Mer­ci à tous ceux qui œuvre sur terre pour créer un ave­nir viable !

(Law­rence Miest)

11 mai 2020

Der­rière ma fenêtre,
Je vois.
Je vois loin, très loin !
Je m’évade…
Comme quand j’é­tais enfant !
C’est si facile !
Der­rière mes cils…
Loin, si loin des grands.
Tout au dedans de moi,
Je me pose…

Le matin, j’ouvre la porte sur ma rue vide de gens.
La petite auto de grande per­sonne file, sillonne ma petite ville,
Les che­mins bor­dés de champs…

Der­rière leurs fenêtres,
Des gamins confinés
M’attendent…

On va cocooner,
Confiner

Rêver d’un monde à retrouver…

(Domi­nique Chomez)

12 mai 2020

Der­rière ma fenêtre je ne vois pas.
J’en­tends et je lis.

Je lis ce qui se dit sur la toile.

Déla­teurs et déla­trices, juges et détracteurs.
Je tisse de haine les faits et gestes de tous qui vont à l’en­contre de mon Moi.
J’in­cen­die ce pas­sant lamb­da qui passe devant ma fenêtre, confi­ne­ment n’est-il pas ?
Je condamne ce voi­sin trop social qui pol­lue mon espace, lui et les siens.
Je tru­cide et écra­bouille tous ces benêts qui s’ex­priment misé­ra­ble­ment sur les réseaux.
Igno­rants ils sont.

Et puis, der­rière, juste là, il y a ces toutes petites four­mis silen­cieuses qui s’activent.
Et je retrouve l’humain.
Empa­thique et généreux.
Et là, moi je me délecte.
Je me res­source de tous ces « like(s) » et ces « commentaire(s) ».
Elles sont là dans l’ombre, sans rien reven­di­quer, elles s’ac­tivent conscien­cieuses et géné­reuses, puisque rien de plus nor­mal que de s’in­ves­tir pour notre sécu­ri­té et notre vie…
C’est leur contri­bu­tion, leur engagement.
Elles n’en retirent aucun pro­fit, aucun cent en plus, même s’il en va de leur vie.
Juste la satis­fac­tion d’a­voir veillé sur son pro­chain. Mais elles ne l’a­voue­ront qu’à demi-mot, trop d’humilité.

Telle la four­mi, l’es­sen­tiel étant pour elles d’ac­com­plir leurs mis­sions, per­sé­vé­rantes et déterminées.

Si seul on va plus vite, n’ou­blions jamais qu’en­semble on va tel­le­ment plus loin.

Infir­miers et infir­mières today c’est votre journée !
Hom­mage à vous et MERCI

(Fabienne Ulrichts)

***

Der­rière ma fenêtre je vois…

Que le confi­ne­ment est dif­fi­cile pour les confi­nés ou con finis comme vous vou­lez, le respecte-t-il ?

Ou sont-ils assez con finis pour sor­tir ? » 12 mai 2020

(Paul Glo­rieux)

***

Der­rière ma fenêtre, je vois… les gens prendre conscience que consom­mer moins est pos­sible sans créer de véri­tables manques… et faire la file dès la réou­ver­ture des maga­sins non essentiels.

… les gens prendre un rythme plus proche de leur rythme natu­rel… et se lan­guir de reprendre leur vie d’avant dans le rythme effré­né du métro-boulot-dodo.

… les gens prendre conscience de l’importance du temps pas­sé auprès de leurs proches… et se déses­pé­rer de ne pas pou­voir prendre 12 heures d’avion pour tra­ver­ser l’océan et se cou­cher sur une plage.

… les gens deman­der aux poli­tiques de prendre des mesures sani­taires radi­cales pour le pays… et ne pas amor­cer une trans­for­ma­tion radi­cale de leur mode de vie.

Alors je me demande… le chan­ge­ment est-il véri­ta­ble­ment pos­sible ? L’être humain doit-il être véri­ta­ble­ment au pied du mur pour chan­ger ? Le chan­ge­ment doit-il for­cé­ment pas­ser par une révo­lu­tion ? L’histoire de l’humanité me montre que cela a tou­jours été ain­si… à moins que cette fois-ci… peut-être… Est-ce uto­pique de croire que le chan­ge­ment est pos­sible sim­ple­ment par une prise de conscience de la pro­fonde et urgente néces­si­té de cas­ser les codes et une volon­té d’en créer de nou­veaux ? I guess it is… I hope it isn’t… This is my UTOPIA !

(Carine Remy)

***

Der­rière ma fenêtre je vois
Une peine immense.
Un besoin urgent de câlin

Mais mal­gré tout je vois des per­sonnes qui se soutiennent.
Dans ces moments compliqués
Il est impor­tant de se soutenir

Et je suis sûr que ce virus disparaitra.

Les gens se sou­vien­dront que l’on a tra­ver­sé un moment dif­fi­cile mais que tous ensemble on s’en est sorti.

(Hou­cine Rosse)

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Der­rière ma fenêtre
Je vois…
Et bien oui,
Je vois !
Et avec déter­mi­na­tion, encore !
Je décide de voir la vie !
Celle que je décide de regarder !
Celle qui donne envie de s’élever !
Celle que je veux partager !
Der­rière ma fenêtre,
Pas ques­tion de m’encombrer !
Des mau­vaises langues, de méfiances,
De médisances !
Et si je sors,
Mas­quée mais souriante,
C’est pour les retrouver,
Mes confinés !

(Domi­nique Chomez)

***

Der­rière ma fenêtre je vois, un monde malade. Un monde où l’Homme se rend malade, où il a oublié sa mère la terre. À chaque mala­die, il y a un remède dans la nature. Tout est une ques­tion d’équilibre. Cer­tains l’ont bien com­pris, d’autres doutent et d’autres encore n’ont foi que dans des concepts comme ren­ta­bi­li­té, pro­fit, argent, éco­no­mie… Les plus éclai­rés sont en accord avec la terre, ils entrent en réso­nance avec celle-ci, ils essayent de remettre l’Homme et la nature au centre de nos inté­rêts, de nos agis­se­ments. Ils sont por­teurs d’espoir. Chaque jour, je res­pire et m’in­ter­roge sur cette socié­té et je demande à l’univers de nous don­ner la force de faire les bons choix. Chaque soir je remer­cie l’univers pour ces bon­tés et je referme la fenêtre en espé­rant que demain soit meilleur.

(Agnès Goor)

***

Virus virus
Puisque tu tiens toute notre Terre
Que tu viens nous faire mourir
Que tu étouffes nos corps et nos poumons
Certes tu feras de nous cer­tains grabataires
Tu n’empêcheras pas le prin­temps de refleurir
Nous résis­te­rons, chez nous resterons
Et même mieux
La pla­nète enfin réa­lise ses vœux
Si seule­ment tu pou­vais disparaître
Empor­tant avec toi l’é­goïsme de notre terre
Si seule­ment les poètes pou­vaient apparaître
Nous gué­rir nous les maladieux
Virus, virus
Je te le dis haut et fort
Tu n’es qu’un sale virus ! A toi main­te­nant le blocus.
Gar­dons nos forces et l’espérance
Face à toi, notre alliance. »

(Pas­cale Thiriar)

***

Ce virus qu’on n’aime pas
S’est pour­tant immiscé
Dans nos cœurs
Et s’est propagé

Sous toutes les formes.
On a envoyé des messages
D’amour et d’amitié
Même à ceux
Dont on croyait
Qu’ils comp­taient pour des prunes.

FB, Mes­sen­ger, What’sApp, Skype
Et même la télépathie
Ou la trans­mis­sion de pensée…
Tout cela a carburé
Pour se demander
« Com­ment tu vas ? »

Et ce n’était plus
Une formule.
Les misan­thropes aussi
Se sont mis à aimer…
La terre entière
Ou bien un chien, un pigeon,
Un renard qui passait
Dans les parages.

Et vous ?
Com­ment allez-vous ?
Je vous aime. Tous.

(Ghis­laine Deschuyteneer)

***

Der­rière ma fenêtre je vois…

Qu’une fois de plus on n’hé­site pas à prendre les gens pour des cons pour main­te­nir par-des­sus tout l’illu­sion de la bonne ges­tion de la situa­tion qui n’a pas le focus sur le vivant mais sur sa pré­cieuse chair à pro­duire afin de pou­voir reve­nir au train train ou le plouc vaut 120 fois moins que le génie qui reçoit 120 fois plus de droit à consom­mer. (Ce ratio cor­res­pond à l’é­cart sala­rial en Belgique).

Quand on veut lan­cer des miettes au plouc pour qu’il la ferme en reva­lo­ri­sant son taf d’1 € de l’heure, per­so je trouve qu’on se fout de lui.

Le monde de demain valable, c’est celui ou on par­tage le tra­vail, pour­quoi faire sup­por­ter toute la pres­sion sur quelques-uns avec des temps pleins ? Pour avoir le devoir de créer de l’emploi et donc de pro­duire tou­jours plus, cette fou­tue crois­sance. Des chan­ge­ments à ce niveau ne s’ob­tiennent que par la lutte et ne vien­dront jamais du poli­tique qui est enfer­mé dans sa pathé­tique bulle, il doit venir de nous qui avons tous la même valeur sim­ple­ment parce que nous par­ta­geons en même temps le simple fait d’être vivant, ce ratio 1 x 120 c’est Matrix. Par­ta­ger les richesses c’est un moyen dont nous avons le pou­voir immé­diat c’est revoir la façon de consom­mer, on le dit par­tout, local, petit indé­pen­dant, etc, ban­nir les grandes marques c’est géné­rer des pertes d’emploi dans ces sec­teurs ? Mais dès qu’un robot est prêt pour rem­pla­cer un tra­vailleur le choix est automatique…

Der­rière ma fenêtre je vois donc un champ des pos­sible avec crise éco­no­mique qu’on va faire payer aux ploucs comme tou­jours en met­tant quelques spa­ra­draps sociaux, en jetant quelques miettes pour cou­per l’en­vie aux gens de se sou­le­ver contre le fou­tage de gueule qui s’an­nonce et qui n’est que la conti­nui­té qu’on va déco­rer en illu­sion de chan­ge­ment pour faire ava­ler tout ça…

Pas très opti­miste j’en conviens, je sou­haite par des­sous tout qu’on vienne me repro­cher de m’être trom­pé, suivre les infos est dépri­mant, heu­reu­se­ment que j’ai d’autres bulles bien plus posi­tive. Pour pas dépri­mer je vous encou­rage donc à fer­mer le tiroir info qui ne doit sur­tout pas être plus gros que les autres.

(Joëlle Claires)

14 mai 2020

Der­rière ma fenêtre je vois
Plu­sieurs sourires.
Des gens qui partent
Mais qui j’en suis sûr res­te­rons dans nos mémoires.
Moi je pense qu’un jour ces « jours sans fin »
Se ter­mi­ne­ront mais que mal­gré tout ce sou­ve­nir res­te­ra dans nos mémoires car à l’a­ve­nir il fau­dra faire attention.

(Hou­cine Rosse)

15 mai 2020

Devant ma fenêtre j’aperçois des galé­riens mener une vie de com­bat­tant, c’est pas facile de sub­ve­nir à leur besoin main­te­nant que le virus s’est déve­lop­pé, les galé­riens ne sont plus libres. Aidons ces per­sonne qui ont vrai­ment besoin de nous, la police leur met des amende mais ils ont pas le choix d’être dans la rue, il ne l’on pas choisi.

(Yohan)

***

Der­rière ma fenêtre je vois, un temps de pause,
Où le temps s’est arrêté ;
Où plus rien ne bouge… mais où tout bouge !
Je res­pire et j’observe ce qu’il y a autour de moi…
Je pense, je réflé­chis et je crée…
Mais pas seule, car seule on est rien…
Créer ensemble c’est agir, c’est vivre… et s’enchanter… d’un monde meilleur…

(Concet­ta Amella)

18 mai 2020

Der­rière ma fenêtre je vois…
Beau­coup d’in­quié­tudes quant à demain,
Est ce qu’un chan­ge­ment de men­ta­li­té va concer­ner la majorité ?
Cer­tai­ne­ment pas et ce n’est pas grave, il ne faut pas s’at­tendre à un miracle sinon on s’im­mo­bi­lise. Tout d’a­bord je pense que se sont plu­sieurs chan­ge­ments qui vont se com­bi­ner se compléter.
Les majo­ri­tés d’aujourd’hui étaient des mino­ri­tés hier, une majo­ri­té a pen­sé que la terre était plate, car la plu­part s’a­lignent sim­ple­ment sur la pen­sée domi­nante par auto­ma­tisme et croyances divines.

Aujourd’­hui la croyance à décons­truire c’est que la richesse est la valeur qu’on attri­bue aux choses au détri­ment du vivant qui est par ailleurs mon­nayable aus­si ne fut-ce que par la force de tra­vail pro­duite et l’es­cla­vage savam­ment orches­tré et qu’on a renom­mé avec des élé­ments de lan­gage pour que ça passe, comme la nov­langue dans 1984 qui revient à la mode. Pour avoir l’adhé­sion du trou­peau et aller vers une véri­table bas­cule, il faut conti­nuer à faire gran­dir en nombre les pen­sées qui sont aujourd’­hui mino­ri­taires et ça vien­dra, les poli­tiques font par­tie du trou­peau ils n’in­ventent rien et s’a­lignent sur la demande du mar­ché en consa­crant beau­coup d’éner­gie pour leur image afin d’al­ler ou de res­ter au pou­voir, cher­chez les erreurs pour voir ce qu’il y a à chan­ger en évi­tant la rhé­to­rique du pire ailleurs… Ache­ter moins, récu­pé­rer, décons­truire les pubs. C’est quoi qui est chouette dans le shop­ping, l’a­chat ou le temps pas­sé à cher­cher… Peut-être avec la per­sonne qu’on aime ou pour elle… Qu’est ce qui est utile, com­ment contour­ner l’a­chat et clas­ser les achats en super­flu ou utile, à qui est ce que j’achète ?…

Des mil­liers de réponses sont pos­sibles pour répondre aux besoins maté­riels et ça se fait avec ou sans covid et confi­ne­ment. Mais ce covid / confi­ne­ment est un révélateur.

L’ac­ti­vi­té com­pé­ti­tive va lais­ser plus de place à l’ac­ti­vi­té d’en­traide et de coopé­ra­tion et j’es­père que je vivrai le moment où cela devien­dra majoritaire.

(Joëlle Claires)

***

Je crois que ce qui importe à ce jour est le « décon­fi­ne­ment men­tal ». Il s’agit d’aug­men­ter sa luci­di­té cri­tique, réin­ter­ro­ger sans cesse son regard sur soi et sur le monde.

Croître en tant que citoyen(ne) en conscience des enjeux véri­tables, nour­rir cette envie d’agir, de chan­ger les choses pour un monde plus juste, plus sain, plus solidaire.

Que fait-on, cha­cun d’entre nous à son niveau, pour créer un ave­nir viable ?

Je pense que cet espace a encore de beaux jours devant lui car c’est ici et main­te­nant que nos réflexions, nos che­mi­ne­ments peuvent prendre vie dans le concret. Nous aime­rions, si ce vous convient tou­jours, que vous nous les par­ta­giez à mesure qu’avancent les jours et les semaines.

Puisse celle-ci vous être belle et lumineuse !

(Law­rence Miest)

***

Entrer dans le champ de la conscience de l’autre dit Jo Ailes-Claires…
Et,
Au-delà de l’écrit,
Ajus­ter ma fonc­tion de psychomotricienne !
Affu­blée d’un masque :
Inno­ver pour rendre visibles les émotions !
Déjouer la dis­tance sociale, la rendre supportable !
L’im­pré­gner de bien­veillance, de sur­prises, de sourires…
Res­ter proche !
Simplement,
Faire mon métier…

(Domi­nique Chomez)

***

Der­rière ma fenêtre, il n’y a rien de plus qu’à l’in­té­rieur. Le gris s’est ins­tal­lé. Un mélange de nou­velles vomi­tives, de pire qui s’a­joute au pire. Les insultes qui fusent au milieu d’un tour­billon de plai­san­te­ries macabres. Je rirais, je me bat­trais si j’a­vais encore la force. Mais j’ai cédé, j’ai lâché la corde, je me laisse cou­ler. Le cou­rant n’est pas fort mais il en fal­lait peu. Usée, par le rejet lent mais conti­nu, désar­ti­cu­lée par les coups du sort, du des­tin et les autres, de pieds, de poings et de cœur. Écor­chée par les bords tran­chants des images et des mots hor­ribles et abjects qu’on nous lance au visage. Écra­sée enfin par le poids des fautes com­mises par ceux qui ont le pou­voir et qui inca­pables, cupides et sans cer­velles, ne les prennent pas en charge, non ! Mais les font assu­mer par ceux qui comme moi sont déjà au sol.

(Anne Ber­ger)

***

Je crois que ce Coro­na­vi­rus n’a pas mon­tré que sa part d’ombre, voire démo­niaque ; il a aus­si sus­ci­té beau­coup d’amour, de cou­rage, de créa­ti­vi­té dans tous les domaines. Main­te­nant, on a tous besoin d’air pur (on en a davan­tage) et de convi­via­li­té. On a tous besoin de se retrou­ver soi-même et avec les autres. A quand la réou­ver­ture des ter­rasses et de l’insouciance ? Quand on est heu­reux, on ne s’en rend pas assez compte. Il va fal­loir du temps mais on va REVIVRE… mieux qu’autrefois 😀

(Ghis­laine Deschuyteneer)

***

Der­rière ma fenêtre, je vois un mur. Je vois vrai­ment un mur, mais ce mot, « mur », est aus­si sym­bo­lique. Il repré­sente le mur qu’est ce virus, qui fait que je ne sens en sécu­ri­té que chez moi, enfer­mée. Mais est-ce ça la vraie vie ? Est-ce pour ça que je suis sor­tie du coma et que j’ai tout fait pour reve­nir chez moi, reprendre des acti­vi­tés ? Han­di­ca­pée oui, mais pas anéantie.

Le covid m’a plus cloî­trée chez moi que cet accident…

Alors oui, der­rière ma fenêtre je vois un mur, un mur d’horreurs. Un mur de morts. Un mur d’angoisses. Un mur d’espoirs, espoir qu’un jour ce soit fini.

(Anaïs Valente)

***

Der­rière ma fenêtre,
je vois les masques qui sont trop petits ou pas assez grands,
Sont-ils embê­tants ou inutiles ?

(Paul Glo­rieux)

***

Der­rière ma fenêtre, à l’heure de la « réin­ser­tion sociale » renom­mée décon­fi­ne­ment dans un contexte de pré­ten­due crise sani­taire, je vois des incu­rables, des affables, des rési­gnés… heu­reu­se­ment, je vois aus­si des éveillés, des réveillés, de ceux qu’on aurait pu nom­mer les « mar­gi­naux » d’hier et les vision­naires de demain… Il est un adage que j’ai fait mien en ces termes : « Nous pou­vons tout com­prendre, mais nous ne devons pas tout accep­ter ». La concep­tion auto­cen­trée et maté­ria­liste de notre condi­tion humaine m’ex­horte à une incar­na­tion éle­vée aux nues de la conscience… Cette conscience dépasse ma condi­tion et tan­dis qu’elle m’i­sole, est me rend liée à tous les êtres vivants, ce qui sauve mon âme d’un désar­roi qui n’a rien d’i­né­luc­table… Confiance, conscience et enga­ge­ment dic­te­rons mes pas, quel que soit le chemin…

(Vincent Poi­tier)

***

Der­rière ma fenêtre, je rêve au monde d’Après
un monde où la décrois­sance n’est plus impo­sée mais généralisée
un monde où les besoins vitaux sont rencontrés
un monde en tran­si­tion relocalisé
un monde ré-humanisé
où le créa­tif est à l’honneur
où la ren­contre a lieu
où l’er­reur est humaine
où les corps sont respectés
où la parole est écoutée
où les rythmes épousent la terre
où la danse et le chant sont valorisés
où les mots dis­cri­mi­né-tor­tu­ré-exi­lé-vio­lé-pau­vre­té … n’existent plus
où les valeurs essen­tielles ne sont plus bradées
où la citoyen­ne­té peut s’exprimer
un nou­vel espace-temps respirable
un vivre ensemble réjouissant
qui aura rem­pla­cé la cupi­di­té, la riva­li­té, la domi­na­tion, la haine de la dif­fé­rence, les dik­tats d’une esthé­tique mar­chande, les juge­ments de valeurs, les rica­ne­ments, les sem­blant de puis­sants, la folie des grandeurs…
un monde d’A­près habi­té d’un nou­veau SENS commun.

(Marie-Astrid Lis­soir)

***

Der­rière ma fenêtre, je vois… le soleil reve­nir nous réchauf­fer le corps et le cœur. Mal­gré la vague d’air froid qui nous a gla­cés et les nuages qui ont obs­cur­ci notre ciel, je suis sou­la­gée de consta­ter que je peux de nou­veau m’é­tendre sous les rayons de ce soleil qui n’ont pas per­du de leur ardente chaleur.

Le confi­ne­ment a créé une situa­tion tel­le­ment inha­bi­tuelle, nous a for­cé à vivre hors de la nor­ma­li­té, a mené des évé­ne­ments dans des direc­tions qu’ils n’au­raient pro­ba­ble­ment pas prises s’ils s’é­taient pro­duits dans un contexte « nor­mal ». Cette excep­tion­na­li­té de la situa­tion m’a ame­née à dou­ter que l’ex­pé­rience vécue dans ce confi­ne­ment était réelle et qu’elle pour­rait se pro­lon­ger une fois que le décon­fi­ne­ment et le retour à la vie nor­male étaient amorcés.

Mais, nous y voi­ci… La vie reprend peu à peu son cours nor­mal. Et main­te­nant je ne crois plus en mes propres doutes. Car après tout, c’est quoi « une vie nor­male » ? Pour­quoi ne peut-elle être le pro­lon­ge­ment de cette expé­rience vécue dans le confi­ne­ment ? J’ose croire qu’une vie « nor­male » n’est pas celle cor­res­pon­dant aux normes impo­sées par la socié­té, par notre pas­sé, notre culture, mais à mes propres normes, celles en accord avec mes prin­cipes de vie, mon corps et mon cœur. La… non, MA vie nor­male reprend… non, POURSUIT donc son cours…

(Carine Remy)

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-          Il peut faire n’importe quelle longueur.

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L'ensemble des peintures qui illustrent cette série d'articles ont été réalisées en avril 2020 par l'artiste iranienne Mehrin Mokhtari qui vit et travaille à Téhéran. Les représentations de son propre confinement ont fait écho aux récits de confiné·es de Belgique. Instagram de l'artiste ici.

 

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