10 mai 2020
Derrière ma fenêtre, je vois une bulle*…
On est le 10 mai.
— Dis mais, mamaaaan, tu ne mets plus de rouge à lèvres ? Lance Lili d’une voix enjouée. C’est encore à cause du corovirus ? (elle commence doucement à moins écorcher ce mot — bravo Lili!)
— Du rouge à lèvres ? Oh oui tiens ! Je l’avais complètement oublié celui-là ! Tu veux qu’on se maquille aujourd’hui ?
— Oui, on pourrait mettre du rouge à lèvres, puis faire des bisous sur une lettre et la déposer chez mamy ?
— Mais, on peut même rentrer chez elle aujourd’hui, tu sais… Aujourd’hui est un jour spécial.
— Mais moi, je ne veux pas, je n’ai pas envie de lui donner le corovirus…
-🤔…
(Marina Bay)
#Fiction #Covid19 #Nousonamuté
—- —- —-
*Bulle : (Larousse en ligne)
‑Petite quantité d’air, de gaz, de vapeur qui prend la forme sphérique dans un liquide ou dans une matière en fusion (verre, métal) ou solidifiée.
‑Dans une bande dessinée, élément graphique, défini le plus souvent par une ligne fermée, qui permet d’exprimer les paroles ou les pensées des personnages.
‑Enceinte stérile en plastique transparent dans laquelle on place dès sa naissance un enfant (enfant bulle) atteint d’une forme aiguë de déficience immunitaire héréditaire.
Mais aussi :
Lettre apostolique rédigée en forme solennelle, dont l’objet est d’intérêt…
Et puis des envolées :
Bulles de savon, d’air, d’oxygène, de champagne, protectrice et salvatrice,…
***
Derrière ma fenêtre je vois des ballades à faire ou ne pas faire avec des papillons en vol et dans nos ventres. C’est en des temps gélifiés et confits, nés d’un covid, que se manifestent bien des évidences, tout azimuts. Moi c’est sur ses battements d’elle et son souffle que je reste aligné en attendant la rythmique synchronisation lors de son retour pour la précision atomique.
(Joëlle C.)
***
Derrière ma fenêtre, je vois…
Le soleil qui se lève et se couche, inlassablement, égrainant les jours…
Quelques oiseaux, quelques voisin·e·s, qui, derrière leur fenêtre, me voient…
Des passant·e·s masqué·e·s qui s’évitent.
Un horizon pas très profond, les barrières de la ville.
Alors, surtout, j’entends…
Les premières semaines, du silence, étrange dans cette ville qui ne s’arrête jamais… puis, petit à petit, ça revient, vélos, piéton·ne·s, voitures et camions, le ballet recommence.
Mais surtout, les sirènes de police, très fréquentes, les haut-parleurs qui écartent les personnes trop proches, l’hélico qui tourne la nuit… tous ces sons qui me (nous ?) gardent en tension.
Vue et ouïe qui m’attristent… Que vont devenir nos rapports humains ? Vont-ils survivre à tant de distance et surtout de peurs entretenues ?
Mais oui, tout ira bien…
(Charlotte Belayew)
***
Saisissons ce momentum ! Réévaluons le sens de nos actions.
Soyons clairs, d’autres crises nous attendent si nous ne changeons rien : dérèglement climatique, mouvements migratoires, épuisement des ressources, implosions politiques et économiques… Il est fondamental de saisir ce moment pour donner concrètement forme au futur, porter au loin notre regard et nous interroger sur la façon dont nous voulons vivre et agir en ce monde, lancer le débat sur les aspects de notre système dont nous avons besoin, ceux dont nous ne voulons plus et ceux qui doivent être améliorés afin d’envisager un avenir dans un monde plus sain, plus juste, plus solidaire.
Chacun porte en lui une force de changement. Dans un monde qui ne tourne plus rond, il faut poser un choix entre rester spectateur ou devenir acteur. Prendre son destin en main ou subir les chocs. Changer de cap ou relancer la machine de plus belle.
Merci à tous ceux qui œuvre sur terre pour créer un avenir viable !
(Lawrence Miest)
11 mai 2020
Derrière ma fenêtre,
Je vois.
Je vois loin, très loin !
Je m’évade…
Comme quand j’étais enfant !
C’est si facile !
Derrière mes cils…
Loin, si loin des grands.
Tout au dedans de moi,
Je me pose…
Le matin, j’ouvre la porte sur ma rue vide de gens.
La petite auto de grande personne file, sillonne ma petite ville,
Les chemins bordés de champs…
Derrière leurs fenêtres,
Des gamins confinés
M’attendent…
On va cocooner,
Confiner
Rêver d’un monde à retrouver…
(Dominique Chomez)
12 mai 2020
Derrière ma fenêtre je ne vois pas.
J’entends et je lis.
Je lis ce qui se dit sur la toile.
Délateurs et délatrices, juges et détracteurs.
Je tisse de haine les faits et gestes de tous qui vont à l’encontre de mon Moi.
J’incendie ce passant lambda qui passe devant ma fenêtre, confinement n’est-il pas ?
Je condamne ce voisin trop social qui pollue mon espace, lui et les siens.
Je trucide et écrabouille tous ces benêts qui s’expriment misérablement sur les réseaux.
Ignorants ils sont.
Et puis, derrière, juste là, il y a ces toutes petites fourmis silencieuses qui s’activent.
Et je retrouve l’humain.
Empathique et généreux.
Et là, moi je me délecte.
Je me ressource de tous ces « like(s) » et ces « commentaire(s) ».
Elles sont là dans l’ombre, sans rien revendiquer, elles s’activent consciencieuses et généreuses, puisque rien de plus normal que de s’investir pour notre sécurité et notre vie…
C’est leur contribution, leur engagement.
Elles n’en retirent aucun profit, aucun cent en plus, même s’il en va de leur vie.
Juste la satisfaction d’avoir veillé sur son prochain. Mais elles ne l’avoueront qu’à demi-mot, trop d’humilité.
Telle la fourmi, l’essentiel étant pour elles d’accomplir leurs missions, persévérantes et déterminées.
Si seul on va plus vite, n’oublions jamais qu’ensemble on va tellement plus loin.
Infirmiers et infirmières today c’est votre journée !
Hommage à vous et MERCI
(Fabienne Ulrichts)
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Derrière ma fenêtre je vois…
Que le confinement est difficile pour les confinés ou con finis comme vous voulez, le respecte-t-il ?
Ou sont-ils assez con finis pour sortir ? » 12 mai 2020
(Paul Glorieux)
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Derrière ma fenêtre, je vois… les gens prendre conscience que consommer moins est possible sans créer de véritables manques… et faire la file dès la réouverture des magasins non essentiels.
… les gens prendre un rythme plus proche de leur rythme naturel… et se languir de reprendre leur vie d’avant dans le rythme effréné du métro-boulot-dodo.
… les gens prendre conscience de l’importance du temps passé auprès de leurs proches… et se désespérer de ne pas pouvoir prendre 12 heures d’avion pour traverser l’océan et se coucher sur une plage.
… les gens demander aux politiques de prendre des mesures sanitaires radicales pour le pays… et ne pas amorcer une transformation radicale de leur mode de vie.
Alors je me demande… le changement est-il véritablement possible ? L’être humain doit-il être véritablement au pied du mur pour changer ? Le changement doit-il forcément passer par une révolution ? L’histoire de l’humanité me montre que cela a toujours été ainsi… à moins que cette fois-ci… peut-être… Est-ce utopique de croire que le changement est possible simplement par une prise de conscience de la profonde et urgente nécessité de casser les codes et une volonté d’en créer de nouveaux ? I guess it is… I hope it isn’t… This is my UTOPIA !
(Carine Remy)
***
Derrière ma fenêtre je vois
Une peine immense.
Un besoin urgent de câlin
Mais malgré tout je vois des personnes qui se soutiennent.
Dans ces moments compliqués
Il est important de se soutenir
Et je suis sûr que ce virus disparaitra.
Les gens se souviendront que l’on a traversé un moment difficile mais que tous ensemble on s’en est sorti.
(Houcine Rosse)
***
Derrière ma fenêtre
Je vois…
Et bien oui,
Je vois !
Et avec détermination, encore !
Je décide de voir la vie !
Celle que je décide de regarder !
Celle qui donne envie de s’élever !
Celle que je veux partager !
Derrière ma fenêtre,
Pas question de m’encombrer !
Des mauvaises langues, de méfiances,
De médisances !
Et si je sors,
Masquée mais souriante,
C’est pour les retrouver,
Mes confinés !
(Dominique Chomez)
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Derrière ma fenêtre je vois, un monde malade. Un monde où l’Homme se rend malade, où il a oublié sa mère la terre. À chaque maladie, il y a un remède dans la nature. Tout est une question d’équilibre. Certains l’ont bien compris, d’autres doutent et d’autres encore n’ont foi que dans des concepts comme rentabilité, profit, argent, économie… Les plus éclairés sont en accord avec la terre, ils entrent en résonance avec celle-ci, ils essayent de remettre l’Homme et la nature au centre de nos intérêts, de nos agissements. Ils sont porteurs d’espoir. Chaque jour, je respire et m’interroge sur cette société et je demande à l’univers de nous donner la force de faire les bons choix. Chaque soir je remercie l’univers pour ces bontés et je referme la fenêtre en espérant que demain soit meilleur.
(Agnès Goor)
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Virus virus
Puisque tu tiens toute notre Terre
Que tu viens nous faire mourir
Que tu étouffes nos corps et nos poumons
Certes tu feras de nous certains grabataires
Tu n’empêcheras pas le printemps de refleurir
Nous résisterons, chez nous resterons
Et même mieux
La planète enfin réalise ses vœux
Si seulement tu pouvais disparaître
Emportant avec toi l’égoïsme de notre terre
Si seulement les poètes pouvaient apparaître
Nous guérir nous les maladieux
Virus, virus
Je te le dis haut et fort
Tu n’es qu’un sale virus ! A toi maintenant le blocus.
Gardons nos forces et l’espérance
Face à toi, notre alliance. »
(Pascale Thiriar)
***
Ce virus qu’on n’aime pas
S’est pourtant immiscé
Dans nos cœurs
Et s’est propagé
Sous toutes les formes.
On a envoyé des messages
D’amour et d’amitié
Même à ceux
Dont on croyait
Qu’ils comptaient pour des prunes.
FB, Messenger, What’sApp, Skype
Et même la télépathie
Ou la transmission de pensée…
Tout cela a carburé
Pour se demander
« Comment tu vas ? »
Et ce n’était plus
Une formule.
Les misanthropes aussi
Se sont mis à aimer…
La terre entière
Ou bien un chien, un pigeon,
Un renard qui passait
Dans les parages.
Et vous ?
Comment allez-vous ?
Je vous aime. Tous.
(Ghislaine Deschuyteneer)
***
Derrière ma fenêtre je vois…
Qu’une fois de plus on n’hésite pas à prendre les gens pour des cons pour maintenir par-dessus tout l’illusion de la bonne gestion de la situation qui n’a pas le focus sur le vivant mais sur sa précieuse chair à produire afin de pouvoir revenir au train train ou le plouc vaut 120 fois moins que le génie qui reçoit 120 fois plus de droit à consommer. (Ce ratio correspond à l’écart salarial en Belgique).
Quand on veut lancer des miettes au plouc pour qu’il la ferme en revalorisant son taf d’1 € de l’heure, perso je trouve qu’on se fout de lui.
Le monde de demain valable, c’est celui ou on partage le travail, pourquoi faire supporter toute la pression sur quelques-uns avec des temps pleins ? Pour avoir le devoir de créer de l’emploi et donc de produire toujours plus, cette foutue croissance. Des changements à ce niveau ne s’obtiennent que par la lutte et ne viendront jamais du politique qui est enfermé dans sa pathétique bulle, il doit venir de nous qui avons tous la même valeur simplement parce que nous partageons en même temps le simple fait d’être vivant, ce ratio 1 x 120 c’est Matrix. Partager les richesses c’est un moyen dont nous avons le pouvoir immédiat c’est revoir la façon de consommer, on le dit partout, local, petit indépendant, etc, bannir les grandes marques c’est générer des pertes d’emploi dans ces secteurs ? Mais dès qu’un robot est prêt pour remplacer un travailleur le choix est automatique…
Derrière ma fenêtre je vois donc un champ des possible avec crise économique qu’on va faire payer aux ploucs comme toujours en mettant quelques sparadraps sociaux, en jetant quelques miettes pour couper l’envie aux gens de se soulever contre le foutage de gueule qui s’annonce et qui n’est que la continuité qu’on va décorer en illusion de changement pour faire avaler tout ça…
Pas très optimiste j’en conviens, je souhaite par dessous tout qu’on vienne me reprocher de m’être trompé, suivre les infos est déprimant, heureusement que j’ai d’autres bulles bien plus positive. Pour pas déprimer je vous encourage donc à fermer le tiroir info qui ne doit surtout pas être plus gros que les autres.
(Joëlle Claires)
14 mai 2020
Derrière ma fenêtre je vois
Plusieurs sourires.
Des gens qui partent
Mais qui j’en suis sûr resterons dans nos mémoires.
Moi je pense qu’un jour ces « jours sans fin »
Se termineront mais que malgré tout ce souvenir restera dans nos mémoires car à l’avenir il faudra faire attention.
(Houcine Rosse)
15 mai 2020
Devant ma fenêtre j’aperçois des galériens mener une vie de combattant, c’est pas facile de subvenir à leur besoin maintenant que le virus s’est développé, les galériens ne sont plus libres. Aidons ces personne qui ont vraiment besoin de nous, la police leur met des amende mais ils ont pas le choix d’être dans la rue, il ne l’on pas choisi.
(Yohan)
***
Derrière ma fenêtre je vois, un temps de pause,
Où le temps s’est arrêté ;
Où plus rien ne bouge… mais où tout bouge !
Je respire et j’observe ce qu’il y a autour de moi…
Je pense, je réfléchis et je crée…
Mais pas seule, car seule on est rien…
Créer ensemble c’est agir, c’est vivre… et s’enchanter… d’un monde meilleur…
(Concetta Amella)
18 mai 2020
Derrière ma fenêtre je vois…
Beaucoup d’inquiétudes quant à demain,
Est ce qu’un changement de mentalité va concerner la majorité ?
Certainement pas et ce n’est pas grave, il ne faut pas s’attendre à un miracle sinon on s’immobilise. Tout d’abord je pense que se sont plusieurs changements qui vont se combiner se compléter.
Les majorités d’aujourd’hui étaient des minorités hier, une majorité a pensé que la terre était plate, car la plupart s’alignent simplement sur la pensée dominante par automatisme et croyances divines.
Aujourd’hui la croyance à déconstruire c’est que la richesse est la valeur qu’on attribue aux choses au détriment du vivant qui est par ailleurs monnayable aussi ne fut-ce que par la force de travail produite et l’esclavage savamment orchestré et qu’on a renommé avec des éléments de langage pour que ça passe, comme la novlangue dans 1984 qui revient à la mode. Pour avoir l’adhésion du troupeau et aller vers une véritable bascule, il faut continuer à faire grandir en nombre les pensées qui sont aujourd’hui minoritaires et ça viendra, les politiques font partie du troupeau ils n’inventent rien et s’alignent sur la demande du marché en consacrant beaucoup d’énergie pour leur image afin d’aller ou de rester au pouvoir, cherchez les erreurs pour voir ce qu’il y a à changer en évitant la rhétorique du pire ailleurs… Acheter moins, récupérer, déconstruire les pubs. C’est quoi qui est chouette dans le shopping, l’achat ou le temps passé à chercher… Peut-être avec la personne qu’on aime ou pour elle… Qu’est ce qui est utile, comment contourner l’achat et classer les achats en superflu ou utile, à qui est ce que j’achète ?…
Des milliers de réponses sont possibles pour répondre aux besoins matériels et ça se fait avec ou sans covid et confinement. Mais ce covid / confinement est un révélateur.
L’activité compétitive va laisser plus de place à l’activité d’entraide et de coopération et j’espère que je vivrai le moment où cela deviendra majoritaire.
(Joëlle Claires)
***
Je crois que ce qui importe à ce jour est le « déconfinement mental ». Il s’agit d’augmenter sa lucidité critique, réinterroger sans cesse son regard sur soi et sur le monde.
Croître en tant que citoyen(ne) en conscience des enjeux véritables, nourrir cette envie d’agir, de changer les choses pour un monde plus juste, plus sain, plus solidaire.
Que fait-on, chacun d’entre nous à son niveau, pour créer un avenir viable ?
Je pense que cet espace a encore de beaux jours devant lui car c’est ici et maintenant que nos réflexions, nos cheminements peuvent prendre vie dans le concret. Nous aimerions, si ce vous convient toujours, que vous nous les partagiez à mesure qu’avancent les jours et les semaines.
Puisse celle-ci vous être belle et lumineuse !
(Lawrence Miest)
***
Entrer dans le champ de la conscience de l’autre dit Jo Ailes-Claires…
Et,
Au-delà de l’écrit,
Ajuster ma fonction de psychomotricienne !
Affublée d’un masque :
Innover pour rendre visibles les émotions !
Déjouer la distance sociale, la rendre supportable !
L’imprégner de bienveillance, de surprises, de sourires…
Rester proche !
Simplement,
Faire mon métier…
(Dominique Chomez)
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Derrière ma fenêtre, il n’y a rien de plus qu’à l’intérieur. Le gris s’est installé. Un mélange de nouvelles vomitives, de pire qui s’ajoute au pire. Les insultes qui fusent au milieu d’un tourbillon de plaisanteries macabres. Je rirais, je me battrais si j’avais encore la force. Mais j’ai cédé, j’ai lâché la corde, je me laisse couler. Le courant n’est pas fort mais il en fallait peu. Usée, par le rejet lent mais continu, désarticulée par les coups du sort, du destin et les autres, de pieds, de poings et de cœur. Écorchée par les bords tranchants des images et des mots horribles et abjects qu’on nous lance au visage. Écrasée enfin par le poids des fautes commises par ceux qui ont le pouvoir et qui incapables, cupides et sans cervelles, ne les prennent pas en charge, non ! Mais les font assumer par ceux qui comme moi sont déjà au sol.
(Anne Berger)
***
Je crois que ce Coronavirus n’a pas montré que sa part d’ombre, voire démoniaque ; il a aussi suscité beaucoup d’amour, de courage, de créativité dans tous les domaines. Maintenant, on a tous besoin d’air pur (on en a davantage) et de convivialité. On a tous besoin de se retrouver soi-même et avec les autres. A quand la réouverture des terrasses et de l’insouciance ? Quand on est heureux, on ne s’en rend pas assez compte. Il va falloir du temps mais on va REVIVRE… mieux qu’autrefois 😀
(Ghislaine Deschuyteneer)
***
Derrière ma fenêtre, je vois un mur. Je vois vraiment un mur, mais ce mot, « mur », est aussi symbolique. Il représente le mur qu’est ce virus, qui fait que je ne sens en sécurité que chez moi, enfermée. Mais est-ce ça la vraie vie ? Est-ce pour ça que je suis sortie du coma et que j’ai tout fait pour revenir chez moi, reprendre des activités ? Handicapée oui, mais pas anéantie.
Le covid m’a plus cloîtrée chez moi que cet accident…
Alors oui, derrière ma fenêtre je vois un mur, un mur d’horreurs. Un mur de morts. Un mur d’angoisses. Un mur d’espoirs, espoir qu’un jour ce soit fini.
(Anaïs Valente)
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Derrière ma fenêtre,
je vois les masques qui sont trop petits ou pas assez grands,
Sont-ils embêtants ou inutiles ?
(Paul Glorieux)
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Derrière ma fenêtre, à l’heure de la « réinsertion sociale » renommée déconfinement dans un contexte de prétendue crise sanitaire, je vois des incurables, des affables, des résignés… heureusement, je vois aussi des éveillés, des réveillés, de ceux qu’on aurait pu nommer les « marginaux » d’hier et les visionnaires de demain… Il est un adage que j’ai fait mien en ces termes : « Nous pouvons tout comprendre, mais nous ne devons pas tout accepter ». La conception autocentrée et matérialiste de notre condition humaine m’exhorte à une incarnation élevée aux nues de la conscience… Cette conscience dépasse ma condition et tandis qu’elle m’isole, est me rend liée à tous les êtres vivants, ce qui sauve mon âme d’un désarroi qui n’a rien d’inéluctable… Confiance, conscience et engagement dicterons mes pas, quel que soit le chemin…
(Vincent Poitier)
***
Derrière ma fenêtre, je rêve au monde d’Après
un monde où la décroissance n’est plus imposée mais généralisée
un monde où les besoins vitaux sont rencontrés
un monde en transition relocalisé
un monde ré-humanisé
où le créatif est à l’honneur
où la rencontre a lieu
où l’erreur est humaine
où les corps sont respectés
où la parole est écoutée
où les rythmes épousent la terre
où la danse et le chant sont valorisés
où les mots discriminé-torturé-exilé-violé-pauvreté … n’existent plus
où les valeurs essentielles ne sont plus bradées
où la citoyenneté peut s’exprimer
un nouvel espace-temps respirable
un vivre ensemble réjouissant
qui aura remplacé la cupidité, la rivalité, la domination, la haine de la différence, les diktats d’une esthétique marchande, les jugements de valeurs, les ricanements, les semblant de puissants, la folie des grandeurs…
un monde d’Après habité d’un nouveau SENS commun.
(Marie-Astrid Lissoir)
***
Derrière ma fenêtre, je vois… le soleil revenir nous réchauffer le corps et le cœur. Malgré la vague d’air froid qui nous a glacés et les nuages qui ont obscurci notre ciel, je suis soulagée de constater que je peux de nouveau m’étendre sous les rayons de ce soleil qui n’ont pas perdu de leur ardente chaleur.
Le confinement a créé une situation tellement inhabituelle, nous a forcé à vivre hors de la normalité, a mené des événements dans des directions qu’ils n’auraient probablement pas prises s’ils s’étaient produits dans un contexte « normal ». Cette exceptionnalité de la situation m’a amenée à douter que l’expérience vécue dans ce confinement était réelle et qu’elle pourrait se prolonger une fois que le déconfinement et le retour à la vie normale étaient amorcés.
Mais, nous y voici… La vie reprend peu à peu son cours normal. Et maintenant je ne crois plus en mes propres doutes. Car après tout, c’est quoi « une vie normale » ? Pourquoi ne peut-elle être le prolongement de cette expérience vécue dans le confinement ? J’ose croire qu’une vie « normale » n’est pas celle correspondant aux normes imposées par la société, par notre passé, notre culture, mais à mes propres normes, celles en accord avec mes principes de vie, mon corps et mon cœur. La… non, MA vie normale reprend… non, POURSUIT donc son cours…
(Carine Remy)
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L'ensemble des peintures qui illustrent cette série d'articles ont été réalisées en avril 2020 par l'artiste iranienne Mehrin Mokhtari qui vit et travaille à Téhéran. Les représentations de son propre confinement ont fait écho aux récits de confiné·es de Belgique. Instagram de l'artiste ici.